Il lui aura fallu 30 ans de travail durant lesquels elle aura lancé quatre entreprises pour se retrouver aujourd’hui PDG de Congruence Thérapeutique, une société de biotechnologie qui se spécialise dans la recherche de médicaments pour traiter les maladies rares.

Forte d’un doctorat de l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal (McGill), Clarissa Desjardins avait fait une découverte importante au début des années 1990 sur la façon d’utiliser des marqueurs biologiques fluorescents plutôt que nucléaires. C’est ce qui lança la carrière de cette scientifique d’abord, devenue ensuite femme d’affaires. À cette époque, elle était inventrice et non femme d’affaires. « En fait, je n’y connaissais rien en affaires », ironise-t-elle.

Cette mère de deux enfants fonde en 2021 Congruence Thérapeutique qui, plus tôt cette année, obtenait un premier financement de 50 millions de dollars auquel participent, entre autres, le Fonds de solidarité FTQ et Investissement Québec. « Ayant profité au long de ma carrière de luxueux laboratoires pour faire avancer mes travaux, je sentais le devoir de créer une compagnie qui serait le lieu rassembleur qui permettrait aux chercheurs d’accélérer le développement de solutions aux maladies rares », dit-elle.

Faisant appel à des moyens informatiques et à l’intelligence artificielle, Congruence Thérapeutique vise à faire progresser une plateforme ciblant les maladies rares associées au repliement défectueux de protéines.

La scientifique en affaires

Le brio de Clarissa Desjardins en affaires ne fait pas de doute, et il est le reflet de ses prouesses scientifiques tout au long de son cheminement.

C’est sur une plateforme informatique exclusive nommée Revenir MC que repose la stratégie de Congruence Thérapeutique. « C’est un outil de conception rationnelle de stabilisants qui permet de contourner les étapes de validation de la cible, de la purification de la protéine, du criblage à haut débit et du triage des candidats potentiels. Cette technologie sur mesure fait appel à la modélisation mathématique, à la physique et à l’apprentissage automatique pour caractériser les défectuosités », peut-on lire dans le communiqué annonçant l’obtention du financement.

Le financement est au rendez-vous

La PDG croit pouvoir, grâce au financement obtenu en début d’année, bâtir une équipe de chercheurs de calibre mondial afin de concevoir des petites molécules innovatrices qui aideront au traitement de maladies rares présentant des besoins médicaux largement non comblés. Le tout dans le but de les faire cheminer vers une application dans un contexte clinique.

Congruence Thérapeutique emploie 35 personnes. Le financement de 50 millions obtenu cette année devrait être suivi éventuellement d’un deuxième et probablement d’un troisième, car il importe de faire avancer le projet suffisamment loin avant de penser à devenir une société publique en faisant un premier appel à l’épargne pour entrer en Bourse, explique celle qui n’a pas suivi de formation en gestion des affaires, mais qui semble comprendre de quoi il retourne. Il faut croire que la formation sur le tas a bien servi la PDG.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Clarissa Desjardins, PDG de Congruence Thérapeutique

Jeunes femmes, prenez le risque

Que dit Clarissa Desjardins de son parcours ? N’allez pas croire que ce fut facile, explique-t-elle. « Mais l’avantage de ce secteur d’activité est qu’il s’agit d’une véritable méritocratie », dit-elle. « Ainsi, les femmes disposées à y mettre le temps et l’effort nécessaires peuvent aspirer à faire éclater le plafond de verre et atteindre les niveaux hiérarchiques les plus élevés », conclut-elle.

Aux jeunes femmes d’affaires, le message de Clarissa Desjardins est le suivant : « Pour ne pas avoir de regret un jour, prenez le risque d’aller au bout de vos capacités. Mais en vous assurant toujours du soutien de vos proches. »