Responsable de la classification du sirop d’érable au Québec, le Centre ACER raffine sans cesse ses méthodes pour protéger la pureté du produit. Alors que certaines entreprises tentent d’édulcorer le précieux liquide avec des sirops de riz, de maïs, de canne, de betterave ou d’agave, le centre analyse les ratios de carbones isotopiques et utilise un système de microplaques pour attraper les contrevenants.

Spécialisé en recherche et développement, en transfert technologique et en inspection de la production acéricole, le Centre ACER garde les pratiques à l’œil. « La veille du produit a toujours été dans notre mission première, dit le directeur Luc Lagacé. Si on laissait des producteurs falsifier ou altérer le sirop d’érable avec des sucres étrangers, ça pourrait être dramatique pour l’image du produit. »

L’organisation a donc développé une méthode d’analyse des ratios de carbones isotopiques. « Comme certains sucres sont très proches du sirop d’érable, notre méthode nous permet d’effectuer une analyse fine pour assurer l’origine et la pureté du produit. »

Le défi de certification est sans cesse décuplé, puisque la production augmente d’année en année. Seulement en 2022, quelque 211 millions de livres ont été produites.

Afin d’aider ses inspecteurs dans leurs activités, le Centre ACER a développé un système de classement automatique qui utilise la spectroscopie. « L’appareil fait une première analyse du sirop pour dire s’il est conforme ou non, explique-t-il. Si ce n’est pas le cas, l’inspecteur peut y goûter avant de livrer son verdict. On accélère beaucoup le processus d’inspection. »

Dans la prochaine année, le centre franchira une autre étape. « On va passer à un système de microplaques à haut débit pour accélérer encore plus le processus et faire en sorte que ce soit moins coûteux. »

Comment expliquer cette augmentation de la production ? Par la délivrance de permis afin d’introduire de nouveaux producteurs.

Il y a plusieurs nouveaux venus qui entrent en production chaque année. Ils partent souvent de zéro. Il faut adapter nos formations pour les aider dans leurs débuts.

Luc Lagacé, directeur du Centre ACER

Avec le temps, les visions de l’acériculture se multiplient. « On a notre lot d’innovations, mais sans confrontation entre les différents acteurs du milieu, dit-il. Les producteurs introduisent petit à petit les innovations. »

L’accompagnement de ces nouveaux visages n’est que l’un des mandats de l’organisation qui planche activement sur la recherche et le développement. Spécialement en ce qui concerne les changements climatiques. « On a du mal à mesurer leur impact sur l’acériculture : à quel moment ça va frapper et avec quelle intensité », explique Luc Lagacé.

Il cite toutefois une étude menée par plusieurs établissements du réseau de l’Université du Québec sur la migration des conditions de croissance optimale vers le nord. « Des plants d’érable ont été transplantés dans des zones où l’on prévoit que l’acériculture va émerger plus tard, en fonction des changements climatiques. Il faut essayer de prévoir comment l’érable va s’adapter dans le futur. »