Pénurie oblige, certaines entreprises rivalisent d’ingéniosité et n’hésitent pas à délier les cordons de la bourse pour attirer et retenir la main-d’œuvre. Parmi les initiatives qu’elle a mises de l’avant, la PME Flexpipe a acheté une maison au Costa Rica que ses employés peuvent utiliser pour des vacances, du télétravail ou les deux. Julien Dépelteau, président de ce manufacturier de Farnham, explique ce qui a motivé ce choix.

En pleine pandémie, alors que les activités de l’entreprise étaient au ralenti, Julien Dépelteau a voulu frapper un grand coup : il a fait l’acquisition d’une jolie petite maison, située à trois minutes de la plage, dans un paisible village de pêcheurs au Costa Rica. Son but : permettre à ses troupes de séjourner dans ce paradis d’Amérique centrale pour une, deux, voire quelques semaines.

« Évidemment, c’est un avantage imposable, précise le jeune entrepreneur. La personne qui va là-bas est imposée sur la valeur de cet avantage. Autrement dit, cela va s’ajouter à son salaire à la fin de l’année. Je ne fais que suivre les règles fiscales pour des avantages qui dépassent un certain montant. »

Six personnes (surtout des employés de bureau) ont déjà profité de la maison au pays de la « Pura Vida ». Six autres membres ont réservé leur place, dont une responsable du marketing qui va s’y rendre sous peu pour trois semaines. « La majorité des gens y vont pour décrocher, mais ils travaillent tous un peu sur place », explique Julien Dépelteau.

Pour ceux et celles à qui cette initiative « ne parle pas », le chef d’entreprise et son partenaire d’affaires, Sylvain Lejour, ont mis en place d’autres avantages matériels : table de ping-pong (des tournois amicaux sont organisés), jeux d’arcades (PacMan et StreetFighter, pour ne pas les nommer), jeux de société, etc.

Mais au-delà de ces avantages « physiques », Julien Dépelteau a également voulu instaurer, indique-t-il, « une culture d’entreprise axée sur la convivialité, la transparence et l’excellence ». Autrement dit, il souhaite que ses employés se sentent appréciés.

PHOTO FOURNIE PAR FLEXPIPE

Julien Dépelteau, président et cofondateur de Flexpipe et de Tinktube

Toutes les deux semaines, nous arrêtons les activités et tout le monde participe à une réunion où on fait le point. On félicite les employés qui se démarquent. On présente nos clients, nos chiffres. On explique quels sont nos marges, nos revenus, si on est en avance ou pas dans nos chiffres. Les gens aiment qu’on leur donne l’heure juste.

Julien Dépelteau, président et cofondateur de Flexpipe et de Tinktube

Cette volonté de mieux prendre soin de son équipe date d’il y a environ trois ans, explique l’entrepreneur. « Avant, je cherchais moins à faire compétition aux grandes entreprises manufacturières de la région. Aujourd’hui, je n’ai plus le choix à cause de la rareté de la main-d’œuvre. »

Les assurances collectives, lesquelles sont en train d’être revues afin d’être plus personnalisées, et la maison au Costa Rica sont ce qui coûte le plus cher à la PME en matière d’avantages. Peu importe, car cela permet à Flexpipe de contrer les départs et d’attirer de nouveaux employés.

« On vient de pourvoir quatre postes, dont l’un a été référé par un de nos employés. Les trois autres ont postulé, car ils sentaient qu’on est une entreprise à échelle humaine », s’enorgueillit le patron de la PME.

Prenant la peine de sonder ses troupes chaque trimestre, l’entreprise entend créer sous peu un REER collectif, mais aussi augmenter sa présence dans le milieu caritatif. « Nos employés nous demandent de nous impliquer plus dans les causes locales. Ça leur parle. Il faut les écouter. »

Flexpipe est un manufacturier de systèmes de manutention modulaire. Elle commercialise des tubes et des connecteurs permettant de créer, notamment, des étagères commerciales et industrielles à la manière d’un jeu de Mécano géant.

Une nouvelle division (Tinktube) a récemment été créée afin de rendre disponible ce système au secteur résidentiel pour lequel les possibilités sont nombreuses (meubles, étagères, tuteurs en horticulture, etc.). La PME vend 70 % de sa production aux États-Unis, 25 % au Canada et 5 % ailleurs dans le monde (du Cambodge au Mexique).