Freinée dans son développement économique par un manque de terrains libres, la Ville de Repentigny veut réaménager un quartier industriel anémique. Le projet compte son lot de défis — qui dit réaménagement dit déplacement des entreprises existantes —, mais le maire y jouera sa mairie.

« En politique, on a seulement quelques dossiers pour faire sa marque. Dans le cas de mon administration, mis à part le fait d’avoir redonné les berges du Saint-Laurent aux citoyens, je veux qu’on retienne ce projet-là de modernisation et de requalification du parc industriel », dit Nicolas Dufour, maire de Repentigny.

Quel est ce projet, et pourquoi la Ville mise-t-elle sur celui-ci ?

Tout part d’un manque de terrains.

« Parmi les MRC de la région métropolitaine, il y en a une seule qui est en pénurie de terrains. C’est la nôtre », dit Joffrey Bouchard, directeur général de la MRC de L’Assomption, dont fait partie Repentigny.

« La zone blanche, où est permis le développement résidentiel, commercial et industriel, est occupée à presque 100 %. »

Un défi économique

Exacerbée depuis 2010, quand les derniers terrains ont été construits dans le secteur Le Gardeur de Repentigny, la pénurie de terrains entraîne son lot de préoccupations pour la Ville.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Nicolas Dufour, maire de Repentigny

Le manque de terrains est non seulement un problème pour nos finances, mais aussi pour la vitalité économique : on perd 1,3 % de taux d’emploi par année, ce qui signifie que les gens vont travailler ailleurs, congestionnant du même coup les routes.

Nicolas Dufour, maire de Repentigny

Par ailleurs, selon l’administration municipale, 80 % des revenus fiscaux de Repentigny proviennent du résidentiel, par contraste avec l’industriel et le commercial, contre environ 60 % pour l’ensemble du Québec.

Le besoin de développement commercial et industriel se fait donc sentir. Comme Repentigny exclut d’emblée le dézonage de terres agricoles, la solution doit se trouver dans la requalification de terrains existants. Et c’est ce qu’envisage la Ville.

Réaménager, en mieux

Le parc industriel qu’aimerait requalifier Repentigny est celui qui est bordé par les boulevards Brien et Industriel de même que la rue Leclerc et l’autoroute 40. « Le parc n’a même pas de nom, ça donne une idée », dit le maire, Nicolas Dufour.

Il explique qu’on y trouve actuellement beaucoup de stationnements et des entreprises d’un seul étage à faible densité d’emplois, comme des entreprises d’entreposage. Il se donne 10 ans pour transformer le secteur.

La vision de la Ville comporte deux actions concrètes, pour le moment. L’administration aimerait d’abord attirer un campus du Centre régional universitaire de Lanaudière qui vient de lancer un appel de projets pour trouver un site dans Lanaudière. L’organisation offre des formations reconnues en partenariat avec l’UQTR, l’UQAM et l’Université de Montréal.

La Ville aimerait aussi relocaliser dans ce quartier le CIETECH, un centre spécialisé en technologies d’expérience client. L’idée serait de faire de ce parc un pôle d’expertise en expérience client qui pourrait attirer d’autres entreprises de ce créneau. À la MRC, on pense également que ce quartier, une fois revitalisé, pourrait également attirer des bureaux satellites d’entreprises qui décident tranquillement de s’implanter ailleurs qu’au centre-ville de Montréal.

Comme il s’agit d’un redéploiement, le projet pourrait toutefois impliquer le déplacement d’entreprises déjà implantées. Mais le maire est prêt à relever le défi.

« On a plusieurs outils, comme la relocalisation et le droit de préemption, mais il y a aussi d’autres avenues », dit Nicolas Dufour. Il donne en exemple Outremont, qui a lancé un programme d’accompagnement pour délocaliser des entreprises.

« On peut être créatifs. On jouera sur plusieurs tableaux avec plusieurs outils, en collaboration avec les gens du milieu, pour se faire des alliés, et non des adversaires. Je suis prêt à mettre toutes mes énergies et mon poids politique dans le projet. »