Déjà à l’école secondaire, Nora Choufani savait qu’elle se dirigerait vers un domaine non traditionnel pour les femmes. C’est finalement l’aéronautique qui l’a interpelée : elle rêvait de construire des avions. Chez Bombardier, ce rêve est maintenant une réalité depuis 11 ans. Portrait du quotidien de cette diplômée de l’Université Concordia en génie mécanique.

Que faites-vous dans le quotidien ?

Je travaille avec les systèmes de contrôle de vol [voir capsule]. Je m’occupe du développement de la qualification et de la certification des designs qui sont en fait des améliorations apportées aux systèmes de contrôle de vol. Il y a continuellement des améliorations à réaliser pour s’assurer que les avions sont toujours fiables et sécuritaires. Pour chaque changement, j’établis des spécifications de produits, je fais des analyses, je réalise une revue des dessins des systèmes et j’écris des rapports de certification.

Bombardier peut faire certifier ses changements à l’interne grâce à une délégation de Transports Canada. La certification comprend aussi une partie de tests. On peut les faire sur un banc d’essai, ce qui signifie qu’on reproduit le système en version miniature dans une salle pour faire le test. Il y a aussi des tests qu’on fait sur des avions. C’est la partie la plus cool de mon travail. J’écris la procédure, puis j’embarque dans l’avion au sol pour voir si ce qu’on a conçu fonctionne et interagit bien avec les autres systèmes. Il y a aussi des tests qui se font dans des avions en vol, avec des pilotes spécialisés dans le domaine.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Nora Choufani apporte des améliorations aux systèmes de contrôle de vol chez Bombardier.

Lorsque les designs respectent les exigences et les spécifications qu’on a mises en place, on obtient la certification, ce qui signifie qu’on a l’autorisation pour les installer sur les avions en production et ceux en service. C’est un processus qui prend environ 18 mois. Mais je travaille sur plusieurs projets en même temps. J’adore ça, je ne m’ennuie pas ! Et bien sûr, tout ce travail est ponctué de rencontres avec d’autres ingénieurs pour discuter de certains éléments. Je dois aussi répondre à des questions techniques de différentes équipes, ou encore de pilotes.

Quel est le plus grand défi dans votre quotidien ?

Lorsque je reçois des questions techniques à la suite d’un imprévu, je dois y répondre le plus rapidement possible. C’est souvent compliqué et c’est une grande responsabilité, mais j’adore ça ! Mais bien sûr, je ne suis pas seule. Je suis entourée de beaucoup de gens qui ont énormément de connaissances techniques à qui je peux demander des avis. Le travail d’équipe est vraiment important.

Quel objectif de carrière souhaitez-vous atteindre prochainement ?

Dans les prochaines années, je veux devenir déléguée de Transports Canada pour pouvoir approuver des changements sur nos avions. C’est Transports Canada qui nomme ces personnes chez Bombardier qui ont ensuite ce pouvoir de donner les certifications.

Vous êtes dans un milieu majoritairement masculin. Vous impliquez-vous pour tenter d’attirer plus de femmes dans le domaine ?

Oui. Personnellement, je travaille dans le domaine depuis 15 ans et dans 80 % des réunions, je suis la seule femme. Ça ne me dérange pas, je ne m’en rends même pas compte, c’est comme ça. Mais je veux m’assurer que les jeunes femmes ne soient pas intimidées par ce contexte. Je suis donc dans le groupe Femmes en ingénierie chez Bombardier et je participe à différentes activités, notamment des rencontres avec des étudiantes en génie dans les universités. Je réponds à leurs questions, je les rassure sur comment cela se passe dans le milieu du travail et je les encourage à aller au bout de leurs rêves.

Qu’est-ce que des systèmes de contrôle de vol ?

Les systèmes de contrôle de vol sont enclenchés lorsque le pilote de l’avion fait une commande. Le mécanisme prend cette commande réalisée dans la cabine de pilotage et permet de faire bouger des éléments de la surface de l’avion, comme un aileron, pour contrôler la direction. Nora Choufani travaille sur les systèmes de contrôle de vol des avions d’affaires Challenger 650 et 3500 ainsi que sur le Global 7500.