Les ingénieurs ont différentes expertises, de l’informatique à la mécanique en passant par la chimie, et ils sont partout : de la multinationale à la jeune pousse technologique. Si on ne peut pas mettre les 60 000 ingénieurs du Québec dans le même panier, Maud Cohen, directrice générale de Polytechnique Montréal, et Ghyslain Gagnon, doyen de la recherche à l’École de technologie supérieure, évoquent certains points qui les réunissent.

Aimer les mathématiques et les sciences

« C’est certain qu’il faut aimer les sciences et les mathématiques pour être ingénieur, parce que sinon, on ne peut pas passer au travers du parcours de formation, affirme Maud Cohen. Mais on n’a plus seulement des profils de gens très cartésiens, comme c’était le cas avant. De plus en plus, on voit des profils éclatés, des gens avec des intérêts très différents. On a d’ailleurs 12 baccalauréats à Polytechnique qui mènent à la profession d’ingénieur et on discute pour en développer d’autres. Les écoles de génie doivent être en lien avec ce qu’il se passe dans la société. Et plus que jamais, il y a des possibilités d’avoir un impact en se penchant sur des enjeux complexes, notamment dans tout ce qui a trait au développement durable. »

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Maud Cohen, directrice générale de Polytechnique Montréal

Trouver des solutions

« En général, les ingénieurs ont une capacité à résoudre des problèmes, affirme Maud Cohen. Ils sont curieux, ils arrivent à voir une situation dans son ensemble, à faire des liens entre différents éléments. Nous tentons d’ailleurs de faire en sorte que nos étudiants apprennent à apprendre. C’est ce qui est important, parce que plus tard, dans leur pratique, nos diplômés appliqueront peu de choses exactement comme ils les auront apprises dans les cours. Mais ils seront capables de trouver des solutions en tenant compte du contexte. C’est quelque chose qui demande beaucoup de créativité. »

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Ghyslain Gagnon, doyen de la recherche à l’École de technologie supérieure

Travailler en collaboration

Les ingénieurs aiment résoudre des problèmes. Or, les problèmes simples ont déjà été résolus, soutient Ghyslain Gagnon. « Et pour s’attaquer à des enjeux complexes, pour faire de grandes découvertes, il faut travailler en équipes multidisciplinaires, affirme-t-il. Il y a toujours différents angles à prendre en considération. Techniques, bien sûr, mais aussi humains, sociaux, etc. Les ingénieurs doivent travailler avec des gens d’autres disciplines et c’est pourquoi nous obligeons nos étudiants à faire trois stages dans des milieux de travail où ils sont appelés à travailler avec toutes sortes de personnes qui ont des compétences et des intérêts variés. »

Sortir des sentiers battus

Pour trouver des solutions à des problèmes complexes, il faut aussi arriver à sortir des sentiers battus. Collaborer avec des gens très différents peut vraiment donner un coup de pouce pour y arriver. « Mon équipe et moi l’avons constaté notamment en travaillant avec des artistes, indique Ghyslain Gagnon. Souvent, l’ingénieur travaille avec des devis et il doit arriver à un résultat bien précis. Mais avec des artistes, tout le processus de création est important et il est possible que le résultat final ne soit pas du tout ce qu’on avait imaginé au départ, et c’est correct. Je trouve qu’on perd souvent ça de vue en génie, et cela nous enlève des occasions d’innover. Il faut retrouver cette liberté d’explorer. Surtout lorsqu’on regarde l’ampleur des enjeux auxquels on doit s’attaquer maintenant, notamment pour créer une économie circulaire. »