Du printemps à l’automne, l’ingénieure Véronique Gagnon passe plus de la moitié de son temps à jouer avec le vivant. Selon elle, cette connexion avec l’extérieur est l’une des plus grandes richesses de son domaine encore méconnu : le génie agricole.

Originaire de Laval, elle a acquis une aisance avec le domaine en visitant les fermes familiales à Saint-Jean-sur-Richelieu. « À 5 ans, j’adorais aller à la campagne et je voulais devenir fermière », se souvient-elle.

À la fin de l’adolescence, elle se voyait plutôt devenir vétérinaire de gros animaux, mais il lui manquait quelques dixièmes pour atteindre la cote R exigée. « Au cégep, j’ai vu une publicité à propos d’un bac unique en Amérique du Nord : le génie agroenvironnemental à l’Université Laval. Je me suis informée et j’ai trouvé ça super intéressant, parce que ça venait chercher l’agriculture que j’aimais, mais que je connaissais peu. »

Elle a vite fait sa place dans une cohorte de 10 finissants. « C’était très intime. Ça n’avait rien à voir avec nos cours de dessin ou de mathématiques du tronc commun en génie où il y avait 300 ou 400 personnes. »

Particularité

À ses yeux, le génie agricole se démarque également des autres disciplines du génie par son quotidien professionnel.

Je vais à l’extérieur souvent, je suis constamment dans la nature et je suis en contact direct avec mes clients.

Véronique Gagnon, ingénieure agricole


Après ses études, elle a décidé de travailler dans une ferme pendant un été pour comprendre la traite des vaches, leur alimentation et leur fonctionnement au quotidien. « Comme j’imaginais faire du génie du bâtiment agricole, c’est-à-dire élaborer les plans pour des étables, je voulais voir comment ça se passait sur le terrain. »

Spécialité : gestion de l’eau dans les champs

Finalement, elle a été embauchée par le Groupe conseils agro Bois-Francs et elle s’est d’abord spécialisée en érosion et en gestion de l’eau dans les champs. « Quand il y a des pluies importantes, ça creuse les champs, il y a des pertes de sol et ce n’est pas bon pour l’environnement ni pour les producteurs », explique Véronique Gagnon.

Elle visitait les terrains pour analyser les problèmes, trouvait les solutions adaptées, produisait plans et devis, expliquait ses idées aux producteurs agricoles et aux entrepreneurs, en plus de superviser les chantiers. « Je m’occupais de la boucle au complet. »

Peu à peu, elle a amélioré ses compétences en diagnostic de problèmes de drainage.

Quand les producteurs ont des problèmes dans leurs champs, ils font souvent installer un drain qui coûte plus de 1000 $ l’acre. Ça donne des factures de 100 000 $ à 150 000 $, alors que le drainage n’est pas toujours le problème principal.

Véronique Gagnon, ingénieure agricole

« J’allais les voir pour proposer autre chose afin d’améliorer leur rendement », ajoute-
t-elle.

Le bouche-à-oreille a fait son œuvre et sa réputation s’est répandue de région en région. « J’étais très demandée. »

Cependant, avec quatre enfants à la maison, cela devenait de plus en plus difficile de partir pour réaliser des mandats de quelques jours. « Quand le poste d’ingénieur au ministère de l’Agriculture, des Pêches et de l’Alimentation s’est ouvert, j’ai sauté sur l’occasion, même si j’adorais ce que je faisais. »

Sortant tout juste d’un congé maternité, elle vient de reprendre le travail.