Pour fonder une entreprise, il faut avoir un plan d’affaires. Mais une fois la phase du démarrage passée, le plan de croissance est de mise pour aller plus loin. Moins connu que le plan d’affaires, il est pourtant essentiel pour progresser.

Si la plupart des entrepreneurs connaissent le plan d’affaires, souvent indispensable pour valider leur projet et convaincre les banques ou des investisseurs potentiels de le financer, plusieurs négligent le plan de croissance.

« Alors que le plan d’affaires est à l’origine d’une entreprise en démarrage, le plan de croissance peut être fait à n’importe quel stade de la vie de l’entreprise », explique Bernard Melameth, directeur général, Capital de croissance et transfert d’entreprise, à la Banque de développement du Canada (BDC). « C’est un guide qui permet de déterminer les risques associés à la croissance, les cibles à atteindre, et les jalons qui vont nous permettre de mesurer le succès du plan. »

Plusieurs formes

La plupart du temps, c’est après avoir atteint un certain rythme de croisière que l’on met en place un plan de croissance, précise le spécialiste. Une fois que l’entreprise a atteint un certain palier, notamment en prouvant qu’elle est capable de commercialiser son produit ou son service, il est temps de passer à la prochaine étape.

« Le plan de croissance peut prendre plusieurs formes, dit Bernard Melameth. Avec un plan de croissance, on ne s’attend pas nécessairement à un document de 50 pages. L’essentiel, c’est de cerner les occasions de croissance : quels sont les marchés visés, quelles options de croissance sont considérées, et quel plan d’action met-on en place à partir de ces choix ? On s’attend à ce qu’un plan de croissance soit aligné sur un plan stratégique, lequel identifie les occasions des prochaines années, sur trois à cinq ans. Logiquement, l’un ne va pas sans l’autre. On veut surtout comprendre comment la réflexion a été faite et pourquoi telle ou telle option de croissance a été choisie. »

Évidemment, une entreprise peut croître sans avoir de plan de croissance. Toutefois, naviguer sans carte précise comporte le risque de s’égarer en chemin.

Les occasions de croissance varient énormément d’une entreprise à l’autre, mais il faut savoir vers quel type de croissance et quelle stratégie on va se tourner. Il est important de ne pas tirer dans tous les sens et de rester concentré sur la vision de l’entreprise.

Bernard Melameth, directeur général, Capital de croissance et transfert d’entreprise, à la Banque de développement du Canada

Les éléments indispensables

Selon Bernard Melameth, qui accompagne des entreprises depuis une quinzaine d’années, certains éléments sont indispensables dans le contenu d’un plan de croissance.

« Ce que je veux voir, c’est la réflexion qu’il y a derrière. Je veux qu’on m’explique les forces de l’entreprise et les opportunités qu’elle voit, quelles options ont été considérées, et comment on va procéder. Vise-t-on une expansion géographique ? L’exemple classique au Québec, c’est de viser le marché américain. Il y a plusieurs façons de le développer, notamment par acquisition ou en embauchant des vendeurs. Si on choisit cette option, quels seront les États les plus propices à attaquer en premier ? Allons-nous embaucher des vendeurs sur place, ou considérer des revendeurs qui ont déjà un réseau installé aux États-Unis ? Que fait notre compétition ? Comment se distingue-t-on par rapport à elle ? C’est le genre de questions que l’on analyse avant de décider si on finance la croissance d’une entreprise. »

Au-delà de l’expansion géographique, plusieurs axes de croissance sont possibles, avec le développement de nouveaux produits ou services, entre autres.

« Le premier axe que toute société doit examiner, c’est celui de ses propres clients. La relation est déjà là. Est-ce qu’on répond à tous leurs besoins ? L’important, c’est de croître intelligemment. Une croissance à tout prix n’est pas toujours la meilleure option. »