Le prix du carburant fait rager automobilistes et transporteurs routiers, mais on ne s’en plaint pas chez Exprolink, qui a lancé au printemps une version électrique d’une de ses voiturettes-aspirateurs Madvac.

« Au début, on disait à nos clients que le prix plus élevé du Madvac électrique LN50 VEV [90 000 $ au lieu de 60 000 $ en version diesel] s’effaçait après quatre ans d’utilisation. Au prix du diesel ces derniers mois, l’acheteur rentre dans son argent au moins neuf mois plus vite qu’avant », explique le PDG Jean Bourgeois.

Cette nouvelle équation dans le rendement de l’investissement est une bonne nouvelle, car le chemin vers l’électrification n’est pas une ligne droite.

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Louis-Martin Durand, vice-président aux ventes et à l’ingénierie, et Jean Bourgeois, PDG d’Exprolink

« L’adoption est plus lente que ce qu’on avait prévu. Changer des habitudes, c’est long », dit l’autre actionnaire, Louis-Martin Durand, vice-président aux ventes et à l’ingénierie. Depuis le lancement du premier modèle électrique, en mars dernier, les modèles verts représentent seulement « 5 % des 150 unités vendues », dit Jean Bourgeois. « Mais la proportion va augmenter à entre 10 % et 15 % durant les 12 mois qui viennent. On a déjà des précommandes pour le modèle électrique LS125 VEV, qui n’est pas encore en production. »

Ventes d’engins diesel en forte hausse

Par contre, les ventes des versions diesel des Madvac sont en hausse de 25 % sur un an et l’entreprise est en expansion, dit Louis-Martin Durand. L’effectif d’Exprolink est passé d’une vingtaine de personnes avant la pandémie à 46 en septembre 2022, dit-il.

Avec notre offre diesel et électrique, on est bien positionnés pour la transition, au rythme où elle se fera.

Jean Bourgeois, PDG d’Exprolink

Exprolink prépare le lancement de sa nouvelle gamme de balais de rue Excelway, des engins plus gros. « On arrive du congrès PWX [de l’Association américaine des travaux publics)] à Charlotte, en Caroline du Nord, où on les a présentés. L’intérêt est là, il n’y a pas de doute », poursuit M. Bourgeois. Certains modèles seront à moteur traditionnel, d’autres électriques.

« On est le seul fabricant de matériel de nettoyage extérieur compact en Amérique du Nord », dit-il, soulignant que la proximité d’Exprolink lui confère aux États-Unis un avantage sur la concurrence outre-mer. Avec ses deux petits modèles LN50 électrique et LR50 (électrique ou diesel), Exprolink profite du vide laissé par le rival américain Tennant, qui a cessé de produire sa plus petite voiturette-aspirateur.

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Exprolink veut construire une nouvelle usine au Québec et engager de 40 à 50 nouveaux employés d’ici trois ans.

Subventions aux États-Unis, mais pas ici

Exprolink fait des démarches pour faire admettre ses véhicules électriques actuels et futurs au programme de subventions fédérales prévu dans la loi américaine sur la réduction des émissions diesel (DERA).

« On s’attend à une annonce très bientôt. Ça ferait en sorte que le remplacement d’une vieille machine diesel [années 2010 et avant] par une machine électrique serait subventionné jusqu’à 36 000 $ US », dit Jean Bourgeois. Une incitation de plus pour les municipalités et les centres commerciaux, qui constituent l’essentiel de la clientèle d’Exprolink.

La société fait aussi des démarches auprès du gouvernement du Québec, car dans la grappe industrielle du transport électrique, un raisin a été oublié.

Il n’y a pas de subvention au Québec pour les véhicules d’entretien extérieur compacts. Le programme Écocamionnage ne nous inclut pas.

Louis-Martin Durand, vice-président aux ventes et à l’ingénierie

L’admissibilité à un tel programme serait plus importante pour Exprolink que sa seule valeur financière : « Quand on lance de nouveaux produits, qu’on veut aussi exporter, c’est pratique de pouvoir faire les premiers ajustements [post-lancement] à proximité de l’usine, pas à l’étranger », souligne Jean Bourgeois.

Nouvelles usines

Exprolink magasine activement un terrain américain où installer une « usine d’assemblage léger », où des machines partiellement assemblées seraient expédiées. « Ce sera en Caroline du Nord, en Indiana ou au Texas », dit Jean Bourgeois.

Mais le gros de la production se fera au Québec, où Exprolink veut construire une nouvelle usine et engager de 40 à 50 nouveaux employés d’ici trois ans. Cela dit, la société « a le même problème que tout le monde », dit Louis-Martin Durand. « On a six soudeurs, on en engagerait six autres si on les trouvait. »