Dès le début de la pandémie, Radu Pislariu, cofondateur et chef de la direction de Laurent Pharmaceuticals, n’avait qu’un objectif en tête, se lancer dans la lutte contre la COVID-19 avec son médicament, le LAU-7b. Les premières phases d’études cliniques étant positives, le produit est maintenant à la phase 3, la dernière étape avant une autorisation potentielle, qui pourrait arriver en 2023 au Canada et aux États-Unis.

Combler un vide dans le traitement

Si l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que la fin de la pandémie est proche, Radu Pislariu ne croit pas que son entreprise ait manqué le bateau. « Ce n’est pas parce qu’on va annoncer prochainement la fin de la pandémie qu’il n’y aura plus de malades. Il est probable que la COVID-19 devienne un problème saisonnier comme l’influenza et il faudra soigner ces gens pour éviter de surcharger les hôpitaux et, surtout, les soins intensifs. Le but, c’est d’avoir une pilule de nouvelle génération contre les coronavirus avec une large plage d’utilisation, tant à l’hôpital qu’à la maison, de façon à ce que nous ne soyons pas pris au dépourvu dans l’avenir. »

L’objectif de Laurent Pharmaceuticals est de combler un vide dans le traitement de la maladie. L’entreprise se concentre sur les patients à haut risque de complications pulmonaires qui ont dépassé le délai de cinq jours après le début des symptômes et qui ne peuvent plus recevoir le traitement de Pfizer. « C’est facile de dépasser ce délai parce que plusieurs patients sont au départ asymptomatiques. Ce que l’on vise, c’est autant l’infection précoce que la maladie plus grave, mais avec des patients qui ne sont pas encore branchés sous ventilateur », explique-t-il.

Un fonctionnement différent

Autre élément qui différencie le LAU-7b des autres médicaments sur le marché : sa manière de combattre la maladie. « Contrairement aux autres antiviraux, le LAU-7b est dirigé contre l’hôte plutôt que spécifiquement vers le virus. En gros, pour se répliquer, le virus doit entrer dans la cellule. Pour cela, il faut qu’il traverse la membrane lipidique de celle-ci. Au moyen d’une seule prise quotidienne par voie orale, le LAU-7b agit en empêchant le virus d’accéder aux lipides membranaires de la cellule hôte, dont il a besoin pour son entrée, sa réplication et la sortie de ces répliques. En d’autres mots, on bloque le passage et ainsi la prolifération du virus », explique le Dr Pislariu.

Cette façon d’agir du virus est commune à tous les variants et cela fait dire à l’homme de science que son traitement pourra combattre efficacement les autres souches du virus.

À ce jour, les résultats de l’étude ont démontré que, administré pendant 14 jours en plus des soins standards, le médicament a entraîné une réduction de 100 % du risque d’évolution vers une ventilation mécanique ou de décès après 60 jours.

De la fibrose kystique à la COVID-19

En tout, six hôpitaux québécois et une vingtaine du côté américain ont participé au développement clinique de ce médicament pour contrer la COVID-19. Mener à bien ces recherches demandera plus de 20 millions de dollars, dont une partie provient des gouvernements fédéral et provincial.

À la base, le LAU-7b avait été élaboré dans le but d’empêcher l’inflammation pulmonaire hyperactive, une réponse typique du corps en présence de la fibrose kystique. « On s’est rendu compte que l’action du LAU-7b dépassait la prévention d’une cascade inflammatoire et qu’il avait le pouvoir aussi d’agir comme un antiviral. C’est là que nous avons fait le parallèle avec la COVID-19 », explique Radu Pislariu. Si la recherche se rapproche d’un dénouement en ce qui concerne la COVID-19, il admet qu’il faudra encore plusieurs années d’études avant d’avoir un son de cloche aussi positif pour la fibrose kystique.