« L’urgence de se voir. » C’est en ces mots que Pierre-Michel Bouchard, PDG du Centre des congrès de Québec, explique la frénésie entourant les évènements d’affaires dans la Capitale-Nationale. Le moral revient au beau fixe chez les acteurs de l’industrie, qui se permettent même d’être optimistes malgré la pénurie de main-d’œuvre.

Après deux ans de pause forcée (ou presque) en raison de la pandémie, ça sent indéniablement la relance dans la région de Québec. « Si on compare à l’an passé, on va à fond de train », se réjouit Steeve Lavoie, président-directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie de Québec (CCIQ).

Le téléphone ne dérougit pas du côté du Centre des congrès de Québec, ce qui fait dire à son PDG, Pierre-Michel Bouchard, que « ça va mieux que jamais ». Les évènements reportés depuis deux ans s’organisent.

On a fait nos deux plus gros mois de l’histoire en mai et juin 2022. Tout le monde veut rattraper le temps perdu.

Pierre-Michel Bouchard, PDG du Centre des congrès de Québec

L’été 2022 aura permis de générer à lui seul près de 7 millions de dollars en retombées économiques pour la région. Résultat : le Centre des congrès affiche pratiquement complet jusqu’à la fin de l’année, à l’exception de Noël et du jour de l’An.

Déjà 156 évènements sont prévus pour 2023, mais compte tenu de la demande, le président n’a aucun doute que les réunions et les congrès continueront de s’accumuler. Les évènements d’envergure internationale, comme le Rendez-vous d’affaires de la Francophonie qui s’est tenu en juillet, sont d’ailleurs de retour dans la région.

« La grande tendance, c’est l’envie de se voir », croit Pierre-Michel Bouchard, qui dirige le Centre depuis 2007. Selon lui, les évènements hybrides seront d’ailleurs bientôt chose du passé. « Certains ateliers ou conférences resteront peut-être en hybride, mais ça coûte tellement cher si on veut assurer une interaction avec la salle que ça va disparaître. »

Ce dernier rappelle aussi l’esprit grégaire de l’homme. « Quand vous êtes un conférencier, vous ne voulez pas vous faire applaudir derrière un écran. Vous voulez recevoir les accolades en personne. »

Le vieux routier constate toutefois que les congrès se confirment plus à la dernière minute qu’auparavant, peut-être en raison des craintes d’une nouvelle vague. « Ça risque de revenir à la normale en même temps que la confiance. »

Rénovations et terminal de croisières

Puisque tout était sur pause, peu d’investissements majeurs ont été faits durant la pandémie en ce qui a trait au tourisme d’affaires.

Il y a maintenant beaucoup de projets sur la table pour attirer les évènements.

Steeve Lavoie, PDG de la Chambre de commerce et d’industrie de Québec

« Québec compte par exemple un nouveau terminal de croisières, qui est un endroit incroyable pour tenir des banquets et des congrès », dit Alupa Clarke, président de l’Association hôtelière de la région de Québec (AHRQ).

L’hôtel Hilton Québec a pour sa part profité de la pandémie pour se refaire une beauté, au coût de 70 millions de dollars. Tout a été refait, des 569 chambres aux restaurants en passant par les 22 salles de réunion fenestrées.

Le gouvernement provincial a en outre annoncé l’an dernier qu’il offrirait un coup de pouce à l’industrie hôtelière. L’Auberge Saint-Antoine a ainsi obtenu 5 millions pour des travaux de rénovation, tandis que l’Hôtel du Vieux-Québec a reçu 4,7 millions pour rénover son immeuble, ses chambres, ses salles de réunion et ses aires communes.

Manque de main-d’œuvre

Pour réussir sa relance, l’industrie aura toutefois besoin de sang neuf. « On comptait 6500 employés dans l’industrie hôtelière à Québec en 2019. Il en manque 1000 cette saison », se désole Alupa Clarke.

Certains hôtels ont donc fermé des chambres pour équilibrer l’offre et la demande et s’assurer d’offrir la même qualité d’accueil malgré la pénurie de personnel. Des services, comme l’enregistrement et les départs, ont aussi été automatisés. « D’autres établissements ont réussi à pourvoir tous leurs postes. C’est du cas par cas », souligne le patron de l’AHRQ.

Afin de résoudre ce problème à long terme, l’Association entend miser sur le recrutement à la fois à l’international et à l’échelle locale, en ciblant notamment les aînés qui veulent revenir sur le marché du travail. « Il manque de valorisation des métiers et professions de l’industrie hôtelière », estime Alupa Clarke, qui est déterminé à changer la donne.