Fairmont Le Château Montebello refuse quelques évènements, faute de personnel. L’Hôtel Lac-Leamy demande à des employés d’occuper deux ou trois postes à la fois. Pas de doute, les établissements de l’Outaouais doivent faire preuve d’ingéniosité pour composer avec la reprise.

La demande d’évènements d’affaires a augmenté de manière fulgurante, selon Nathalie Beauchamp, directrice du marketing au Fairmont. « On n’est pas encore revenus comme avant la pandémie en raison de nos capacités à recevoir des évènements et de la pénurie de main-d’œuvre, dit-elle. La demande des clients est plus grande qu’avant, mais il a fallu nous limiter. »

En plus d’accepter un peu moins de mariages, l’établissement a réduit les choix sur ses menus. « Surtout parce qu’on a de la difficulté à embaucher en restaurant. »

Au Lac-Leamy, la pandémie et la crise du personnel ont poussé l’organisation à encourager le double et le triple emploi. Par exemple, une personne attitrée au restaurant peut être invitée à faire du service en banquets, alors que des chasseurs de bagages peuvent être appelés à monter des salles. « L’été dernier, un matin, on devait monter une salle pour 1000 personnes, et je me suis retrouvé avec des gens des jeux du casino, de la sécurité et de l’équipe des ventes à préparer la salle », explique Marc Labrie, directeur, hôtellerie et restauration.

Cela dit, personne n’est forcé à multiplier les tâches. « On demande sans obliger, précise-t-il. Je voulais lancer le message que tout le monde doit mettre la main à la pâte. » Il évoque ensuite un dimanche durant lequel il a réuni des collègues du secteur administratif pour soutenir les femmes de chambre.

Après le départ d’un client, on entrait à deux, on retirait les draps et les serviettes pour que la femme de chambre n’ait qu’à faire le ménage et refaire les lits. On a développé l’agilité de notre personnel. Ça a créé un buzz magique dans l’organisation.

Marc Labrie, directeur, hôtellerie et restauration, Hôtel Lac-Leamy

L’hôtel relève de nombreux défis liés à la main-d’œuvre et au retour en force de la clientèle d’affaires. « Les gens sont tellement emballés de pouvoir se retrouver, dit M. Labrie. Un automne très chaud nous attend, et on signe des contrats pour 2023 et 2024. »

Du jamais-vu en 35 ans

Même son de cloche chez Hélène Marzoyer, planificatrice d’évènements d’affaires. « Dès que la porte s’est ouverte à l’automne 2021, c’était la machine à temps plein, explique-t-elle. Je travaille de 5 h à minuit. Tout le monde pédale pour tenir un évènement avant la prochaine vague. Je n’ai jamais vu ça en 35 ans de carrière. »

De toute évidence, la reprise n’affiche aucun signe d’essoufflement. « L’année à venir sera débile, prévoit-elle. Même si je me concentre sur mes clients existants, je ne suffis pas à la demande. »

Parmi sa clientèle, on retrouve des Américains qui entretiennent un rapport à la pandémie bien différent. « Ils sont dans leur monde, affirme-t-elle. Selon leur industrie, la majorité des gens qui ont vécu la pandémie ne l’ont pas vécue comme ici. »

Certains d’entre eux ont ressenti les effets de la crise entre un et trois mois avant de reprendre comme avant. « Ils ne comprennent pas qu’on ait été presque fermés durant deux ans. Ils s’attendent à ce que tout soit comme avant, les services et les fournisseurs. »

Au Fairmont, on remarque des besoins différents. « Les clients veulent du team building plus que jamais, dit Nathalie Beauchamp. Comme les gens font encore du télétravail, les entreprises veulent organiser des activités pour réunir leurs équipes et créer un sentiment d’appartenance. »