Durant son âge d’or économique, à la fin du XIXsiècle, Sorel-Tracy abritait des chantiers navals faisant travailler 10 000 personnes. Par la suite, il est devenu la Ville de l’acier jusque dans les années 1990, avant de voir son économie passablement ralentir. Aujourd’hui, c’est entre autres par l’activité portuaire, les technologies vertes et le tourisme que Sorel-Tracy entrevoit l’avenir.

Le projet qui retient le plus l’attention en ce moment est la Zone industrialo-portuaire (ou « ZIP ») Saint-Laurent. Propriété de la ville et situé en bordure du fleuve, le site de 7 millions de pieds carrés est traversé par l’autoroute 30 et la voie ferrée du CN. Une bonne partie de la ZIP était autrefois occupée par une centrale thermique d’Hydro-Québec.

Un premier locataire, QSL, vient d’y investir 10 millions dans la construction d’un immense entrepôt pour le transbordement de fertilisants. La phase deux, qui prendra la forme d’un terminal portuaire doté de quais flottants, suit son cours et nécessitera, elle aussi, un investissement de 10 millions. Le quai flottant de QSL devrait être opérationnel en 2024.

On est sur une lancée. Il n’y a plus beaucoup de terrains de disponibles dans la région. Nous, on en a. Le but, c’est de développer le site et d’en faire un endroit stratégique.

Carlo Fleury, directeur général de Sorel-Tracy

La venue d’un immense terminal de conteneurs dans la ville voisine de Contrecœur (à moins de 30 km au sud de Sorel-Tracy) pourrait d’ailleurs être une importante source de développement (voir écran suivant) de la zone ZIP, croit Carlo Fleury. « Ça va être complémentaire », dit-il.

Innovations

Sorel-Tracy, ville de 36 000 habitants, se démarque également par ses entreprises novatrices. À commencer par Rio Tinto Fer et Titane (plus important employeur privé de la région avec ses 1800 travailleurs) qui fabrique du scandium (un alliage donnant de la force à l’aluminium) dans son complexe métallurgique.

Le Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTEI) a quant à lui inauguré en 2021 le premier laboratoire d’oxydation hydrothermale à échelle pilote au Canada. Ce procédé offre une solution au traitement des boues municipales des étangs aérés, mais également des résidus de l’industrie papetière, des effluents hospitaliers et des microplastiques.

Autre jeune entreprise prometteuse : Charbone. Elle produit de l’hydrogène vert à partir d’hydroélectricité. L’un des objectifs de cette PME : fournir en énergie les grands acteurs industriels afin de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES).

L’arrivée il y a deux ans de la Fromagerie Bel (qui souhaite produire annuellement 150 millions de petits fromages scellés de cire rouge) a permis la création d’emplois bien rémunérés, indique Luc Martel, directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie de Sorel-Tracy.

Pénurie de logements

À l’instar de bien des régions depuis le début de la pandémie, dit-il, Sorel-Tracy a attiré son lot de télétravailleurs et d’urbains à la recherche d’un peu de quiétude… et de maisons abordables. L’an dernier, la ville a accueilli près de 500 nouveaux citoyens. Le prix médian des maisons unifamiliales à Sorel-Tracy, au cours des quatre derniers trimestres, se situe entre 250 000 $ et 300 000 $, selon Centris.

Le prix des maisons augmente, mais demeure abordable, selon la direction générale de la ville. En 2021, les mises en chantier ont connu une hausse de 80 % par rapport à 2020. Cela dit, le marché locatif demeure fragile. « À la lumière des derniers chiffres qu’on a, on est bel et bien en pénurie de logements », dit Carlo Fleury.

Autres signes que l’économie se diversifie à Sorel-Tracy : l’ouverture de commerces et de boutiques spécialisées, la multiplication d’évènements culturels et l’afflux touristique. Située sur le bord du fleuve Saint-Laurent, là où prennent naissance le lac Saint-Pierre et son archipel, la ville attire son lot d’ornithologues, de plaisanciers et de festivaliers. En septembre prochain, Sorel-Tracy sera l’hôte de sa toute première course de régates.

Réputation

Natif de Sorel-Tracy, Pierre-Luc Duguay, 43 ans, confirme que l’activité économique s’y porte bien ces années-ci. « Quand j’étais au secondaire, dit-il, les gens quittaient la ville. Beaucoup d’entreprises avaient fermé. Pour aller au restaurant ou pour magasiner, il fallait sortir de Sorel. »

PHOTO FOURNIE PAR LA GRANGE À HOUBLON

Autres signes que l’économie se diversifie à Sorel-Tracy : l’ouverture de commerces et de boutiques spécialisées, dont l’épicerie fine La Grange à Houblon, fondée par Pierre-Luc Duguay et Fabienne Danneau.

Ancien maçon, M. Duguay a vu le vent tourner. En 2016, il a fondé, avec sa conjointe Fabienne Danneau, l’épicerie fine La Grange à Houblon. Spécialisé dans les bières de microbrasserie, l’endroit est le repaire des épicuriens.

« La réputation de Sorel a changé, dit Pierre-Luc Duguay. Les gens reviennent vivre ici. Les visiteurs sont charmés. »