Les travailleurs autochtones représentent une richesse en cette période de rareté de main-d’œuvre. Pour aider les entreprises du secteur minier à attirer et à retenir ce bassin sous-utilisé, l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) leur offre une formation.

Depuis juin 2021, Joanie Caron donne la formation de 3,5 heures intitulée Main-d’œuvre autochtone : Pour une gestion inclusive de la diversité culturelle dans votre organisation.

Celle-ci vise à favoriser le recrutement, l’intégration et la rétention de la main-d’œuvre autochtone, à comprendre les rôles et les responsabilités des superviseurs responsables de la gestion de la diversité culturelle de même qu’à connaître les mesures qui créent un sentiment d’inclusion.

Quatre-vingts personnes l’ont déjà suivie. Ce sont évidemment surtout des employeurs – de la PME à la grande entreprise minière – qui ont répondu à l’appel, mais on retrouve également des représentants des communautés autochtones.

Les employeurs viennent y chercher des solutions. Il y en a qui sont un peu désespérés face à la pénurie de travailleurs. D’autres sont curieux de voir s’ils peuvent se tourner vers ce bassin. L’intérêt est vraiment grandissant.

Joanie Caron, chargée de cours en ressources naturelles (UQAT)

La professeure croit que c’est aussi le premier pas vers l’inclusion. « Ceux qui ont déjà des employés autochtones veulent améliorer les relations entre les travailleurs et la rétention du personnel », dit-elle.

Les représentants autochtones, eux, veulent connaître les meilleures pratiques en la matière et améliorer les conditions de leur communauté.

À partir de l’automne, l’UQAT offrira la même formation en anglais. « Ces apprentissages peuvent être bénéfiques ailleurs, pas seulement au Québec. Elle pourra servir également aux communautés dans le nord de la province qui ne parlent pas français », explique Joanie Caron.

Base commune

Newmont Goldport, qui exploite la mine d’or Éléonore en territoire cri dans la région d’Eeyou Istchee Baie-James, n’a pas suivi la formation de Joanie Caron. Par contre, la société minière a remanié Les Saisons des peuples, une autre formation du Comité sectoriel de main-d’œuvre de l’industrie des mines.

« En partenariat avec l’UQAT, on l’a adaptée pour l’axer sur la culture autochtone. On la donne à l’ensemble de nos employés », explique Jacynthe Lafond, coordonnatrice des relations externes pour Newmont. Une soixantaine des 600 employés de la société aurifère à la mine Éléonore est autochtone.

Formations sur place

Afin d’attirer les travailleurs cris, Newmont favorise leur progression au sein de l’entreprise. « Certains sont devenus des superviseurs ou ont accédé à l’échelon supérieur de leur métier », précise Jacynthe Lafond.

L’entreprise offrira aussi à partir de juin deux nouvelles formations rémunérées aux candidats cris, avec emploi assuré à la clé. Celles-ci permettront à Newmont de compter sur 12 nouveaux travailleurs par année.

L’inclusion par la culture

Pour créer un climat d’inclusion, les dirigeants du projet Éléonore ont mis en place diverses initiatives. « On a un réseau social à l’interne où on parle de la culture crie ou de leurs réalisations. Les superviseurs les mettent de l’avant et s’assurent que tout le monde travaille ensemble. Il y a une belle familiarité entre les employés. Ils apprennent à dire quelques mots dans la langue de l’autre », remarque Jacynthe Lafond.

Ce sont toutefois les activités culturelles qui suscitent le plus d’excitation. « On a dû arrêter à cause de la pandémie, mais on espère pouvoir recommencer bientôt. Ça marchait vraiment bien », ajoute Jacynthe Lafond.

Dans le cadre de ces journées de découvertes, des familles cries qui résident à proximité viennent à la mine. « Elles nous cuisinent par exemple de l’orignal, des outardes, de l’ours et elles nous montrent comment arranger un lynx. » Un maître de trappe vient aussi parfois leur donner des leçons.