Le Québec est bien positionné et bien perçu à l’international en matière d’économie verte, et pas qu’en gestion des matières résiduelles. Des technologies innovantes se développent dans plusieurs industries, de la finance à la construction en passant par le traitement des eaux et l’agriculture. Tour d’horizon.

Denis Leclerc, président et chef de la direction d’Écotech Québec, définit l’économie verte comme celle des technologies « propres » qui permettent aux entreprises d’améliorer leurs capacités tout en réduisant leur impact sur l’environnement.

« Il y a 13 ans, c’était un domaine peu connu, explique-t-il. On voit que certains pays, comme la Finlande, la Norvège et le Danemark, sont en avance. Ils ont développé de bonnes pratiques. Le Québec était sur une lancée avant la pandémie, la progression des technologies propres avançait alors à vitesse grand V. »

Même si les partenariats et le développement commercial ont été freinés par la crise sanitaire et la situation économique actuelle, M. Leclerc estime que l’intérêt et l’engouement sont grandissants. « Il y a un très grand niveau de collaboration et de complicité, dans la recherche, par exemple », précise-t-il.

Parmi les industries florissantes en économie verte, il cite la gestion des matières résiduelles, où l’intelligence artificielle, par le tri optique, fait de petits miracles. M. Leclerc souligne également le développement extraordinaire des technologies agricoles.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Denis Leclerc, président et chef de la direction d’Écotech Québec

Il y a un contexte de désir de souveraineté alimentaire et d’agriculture plus locale, 12 mois par année, sans pesticides, sans fertilisants et sans produits chimiques, dans un horizon à long terme.

Denis Leclerc, président et chef de la direction d’Écotech Québec

Faire mieux avec moins. C’est un peu le leitmotiv de ce secteur qui cherche à préserver à la fois l’eau et les terres.

Un bémol et des fleurs

Éric Pineault, professeur au département de sociologie et membre de l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM, met un bémol : il note que c’est un secteur extrêmement polluant, avec de grandes émissions de méthane, l’un des gaz responsables du réchauffement de la planète. « Je vois plus ce secteur comme étant à la remorque de la situation, affirme-t-il, il est plutôt réactif que dynamique. »

Selon lui, le secteur financier fait de belles avancées, qu’on pense par exemple à la décarbonation de certains fonds d’investissement. « De plus en plus, on veut que les investissements sortent des énergies fossiles, avec une empreinte carbone moindre », dit-il.

Tout ce qui touche au milieu du transport (et à son électrification) évolue rapidement, tout comme le secteur de l’immobilier.

Le souci de l’efficacité énergétique est bien réel. Il y a aussi un souci de qualité de vie, alors que les gens regagnent leurs locaux de bureaux. Est-ce que l’air y est sain ? Il y a toutes sortes d’innovations intéressantes qui se développent autour du chauffage, de l’aération, de la ventilation et de la climatisation.

Denis Leclerc, président et chef de la direction d’Écotech Québec

L’or bleu québécois

Le Québec fait aussi bonne figure en innovations du côté du traitement de l’eau : selon M. Leclerc, ce secteur est en plein essor. « De nouvelles technologies se développent pour accélérer l’assainissement de l’eau des municipalités tout en réduisant les produits chimiques, et ce, sans construire de nouvelles infrastructures », note-t-il.

La gestion de l’or bleu est un gros enjeu, remarque M. Pineault, pour qui il s’agit d’une source de préoccupation. « On donne présentement nos ressources naturelles à faible prix, avance-t-il, et pourtant, c’est une valeur ajoutée au Québec. Dans un contexte d’économie verte, je pense qu’il faut mieux réfléchir à la planification de notre eau. Par exemple, qui va l’obtenir ? À quelles demandes répond-on ? Quel est le meilleur usage de ces kilowatts propres ? Qu’est-ce qui vaut la peine, d’un point de vue environnemental ? »

L’essor de l’industrie circulaire

Un autre secteur où le Québec fait bonne figure : l’industrie circulaire. « Ça part souvent de projets locaux, explique M. Pineault. Ils créent des entreprises qui utilisent des résidus comme intrants pour créer de nouveaux produits. Les gains écologiques sont faciles et réels. »

C’est le point de départ de Paverreco, une jeune entreprise spécialisée dans la production de pavés et de dalles faits à partir de plastique et de verre recyclés. « On s’approvisionne dans les centres de tri et dans toute entreprise où il y a des rejets », dit Marc Francœur, président et fondateur de Paverreco.

Lancée en 2019, Paverreco a ouvert une nouvelle usine à Shawinigan en décembre dernier. Robotisée et automatisée, elle emploie sept personnes. « On a créé nous-mêmes nos machines et on a monté la chaîne de production, à coups d’essais-erreurs, fait valoir M. Francœur, un ancien machiniste. En ce moment, on fait beaucoup de recherche et développement. On pousse le concept pour voir si on ne pourrait pas introduire de nouvelles matières, on développe de nouvelles couleurs... »

Selon M. Francœur, son produit, demandé partout au Canada, est incassable, non poreux, il ne s’altère pas et ne tache pas. « Il se situe plutôt du côté haut de gamme, dit-il, mais il est moins cher que d’autres produits de la même catégorie. »