À pareille date l’an dernier, la présidente du conseil d’administration de l’Association des femmes en finance du Québec (AFFQ), Françoise Lyon, faisait le constat que la pandémie avait ouvert la porte à une révolution de l’organisation du travail qui pourrait être bénéfique. Qu’en est-il un an plus tard ? Entrevue.

Comment les choses ont-elles changé au cours de la dernière année ?

Après un an de pandémie, plusieurs entreprises s’apprêtaient à activer les plans d’un retour au travail en présentiel. Mais de nouvelles vagues de la maladie ainsi que l’arrivée du variant Omicron ont tout remis en question. Et l’enthousiasme pour un retour au travail d’un bon nombre de personnes s’est estompé. Cela a permis de comprendre qu’une réorganisation du travail allait se faire et qu’il n’y aurait plus de retour en arrière.

Serait-ce que les gens ne veulent plus retourner au bureau ?

Pour beaucoup, sinon la majorité, cela semble être le cas. Sauf peut-être pour ceux et celles qui souhaiteraient retrouver les interactions que permettent les groupes au travail, ainsi que ceux et celles pour qui la situation à la maison est plus difficile, comme les personnes qui logent chez elles des parents malades ou qui ont de jeunes enfants d’âge préscolaire qui nécessitent beaucoup d’attention.

Le télétravail est-il donc une solution incontournable ?

La pandémie a permis à bien des gens de réaliser les avantages du télétravail. Ils peuvent maintenant mieux gérer leur vie privée. Gagner quelques heures par jour seulement parce que l’on n’a pas à se déplacer permet certainement de mieux organiser son agenda. Il est sain d’avoir la latitude de sortir quand on veut, même si ce n’est que pour aller prendre l’air quelques minutes.

Mais cela comporte probablement certains risques ?

Pour l’individu, le principal risque est que la fatigue s’installe. Plusieurs, en télétravail, sont appelés à participer à trop de réunions successives. Et souvent, les heures s’allongent. Somme toute, ils travaillent trop. L’économie de temps favorise la productivité, mais il existe un risque de tomber dans la surproductivité. Il faut apprendre à gérer la fatigue électronique.

Et pour les entreprises ?

Pour elles, le risque est de perdre du personnel. Grâce au télétravail, les gens ont maintenant la possibilité d’accepter un emploi offert par une entreprise située dans une autre région, et même dans un autre pays. Une des conséquences de la réorganisation du travail qu’a causée la pandémie est que le marché du travail est maintenant entre les mains des employés. Pas étonnant que l’on note des pénuries de main-d’œuvre dans bien des secteurs.

Et pour les femmes travaillant dans le secteur financier, quelles sont les implications ?

La crainte concernait surtout la question de la sécurisation du travail compte tenu de la manipulation d’informations personnelles et surtout financières. Mais ce ne fut pas un problème, car les institutions avaient des modèles en plan et n’ont eu qu’à les utiliser. Mais une chose est sûre, les femmes ont maintenant une plus grande flexibilité d’organiser leur travail compte tenu du temps qu’elles passent à la maison. De plus, les hommes en télétravail ouvrent les yeux en voyant ce qui se passe à la maison. Cela était déjà commencé au Québec avec le congé parental. Mais le télétravail a certainement aidé à replacer les femmes dans l’équation.

Y voyez-vous un effet durable ?

La pandémie aura été un évènement marquant qui aura permis de tout repenser. Elle a entraîné la plus grosse transformation du travail que l’on pouvait imaginer. Ce fut un temps d’arrêt pour ralentir et réfléchir, et cela nous a amenés à amorcer une révolution dans notre organisation du travail qui va se poursuivre, sans nul doute.

Un gala 2022 en mode hybride

La pandémie n’étant pas tout à fait derrière nous, l’Association des femmes en finance du Québec (AFFQ) présente son gala annuel Les talentueuses en format hybride. Sur le thème « Propulsé.e.s par un vent de fraîcheur, célébrons nos succès », la soirée se tiendra le 12 mai prochain au Sheraton du centre-ville de Montréal. Cette année, le prix Initiative pour l’avancement des femmes en finance est remis au programme Femmes en mouvement Desjardins.

Voyez qui sont les autres finalistes et lauréates de cette année