Beaucoup d’efforts sont investis pour attirer plus de femmes en finance. Des études prouvent d’ailleurs que les entreprises dont l’équipe de gestion tend vers la parité hommes-femmes sont les plus performantes. Mais les ambitions et les intérêts des étudiantes sont-ils si différents de ceux des étudiants en finance ? On en discute avec Lamiae Senhaji, qui a fait une maîtrise en finance, et Félix-Antoine Prévost, qui a fait une maîtrise en économie appliquée, tous deux après avoir obtenu leur baccalauréat en finance à HEC Montréal.

Intérêts

Les mathématiques, le quantitatif : voilà les intérêts qui ont poussé Félix-Antoine Prévost et Lamiae Senhaji à choisir la finance à l’université. « Avant d’arriver au Québec, j’ai fait des études préuniversitaires en ingénierie et en mathématiques au Maroc : j’ai un esprit très cartésien, très technique, explique Lamiae Senhaji, 28 ans. La finance m’a interpelée parce qu’elle comprend beaucoup de calculs. » « J’avais envie de comprendre comment fonctionnent les modèles financiers », indique pour sa part Félix-Antoine Prévost, également âgé de 28 ans.

Minorité

Chose certaine, les femmes sont toujours minoritaires en finance à l’université. « C’est vrai dans les classes, au premier cycle comme au deuxième cycle, et dans les clubs étudiants, mais on sent une ouverture, une volonté de faire de la place aux femmes, notamment avec tous les programmes de bourses et de mentorat destinés aux femmes », affirme Lamiae Senhaji. Elle a elle-même obtenu en 2019 le prix Relève de l’Association des femmes en finance du Québec (AFFQ), qui lui a permis de réaliser un stage à la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Ambitions

Est-ce que les ambitions sont différentes chez les étudiantes et les étudiants ? « Non, je ne pense pas, affirme Lamiae Senhaji. Toutes les femmes que j’ai côtoyées à HEC étaient motivées à avoir de gros postes, elles étaient ambitieuses et elles ne se laissaient pas intimider par des équipes masculines. » Elle souligne qu’avoir eu Angela D’Angelo, vice-présidente, développement et expérience client à la Financière Banque Nationale, comme mentore dès la fin de son baccalauréat l’a beaucoup aidée à viser haut. « Elle m’a propulsée, elle m’a poussée à sortir de ma zone de confort, et je conseille à chaque étudiante en finance de se trouver un mentor ou une mentore du calibre d’Angela D’Angelo capable de lui montrer comment c’est possible de réaliser de grandes choses », affirme-t-elle en soulignant l’importance du programme de mentorat de l’AFFQ.

Conciliation travail-vie personnelle

Alors qu’on associe d’emblée, encore en 2022, la question de la conciliation travail-vie personnelle aux femmes – surtout à celles qui ont de jeunes enfants –, c’est Félix-Antoine Prévost qui, spontanément, a abordé le sujet en entrevue. « Qu’on soit un jeune homme ou une jeune femme, travailler des 100 heures par semaine n’appelle plus grand monde, surtout alors qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre, affirme-t-il. On a envie d’avoir de beaux défis, mais on veut aussi avoir une qualité de vie en dehors du travail. On cherche un équilibre. On n’est plus dans la même philosophie que dans les années 1990 et je pense que c’est beaucoup plus sain. » « Avant, plusieurs femmes en finance n’auraient pas osé dire par exemple qu’elles voulaient fonder une famille, affirme Lamiae Senhaji. Aujourd’hui, on se sent à l’aise d’en parler. C’est beaucoup plus facile qu’avant, je pense, d’avoir des enfants et une carrière ambitieuse. On a fait énormément de chemin, mais il en reste encore beaucoup à faire. »