Se lancer en affaires, c’est emprunter un parcours rempli de défis. Imaginez lorsqu’on le fait en intelligence artificielle (IA), un domaine encore peu connu. Heureusement, des accélérateurs sont là pour soutenir ces entreprises.

Pouvoir déployer ses modèles d’apprentissage automatique dans son entreprise sans avoir besoin de coder ou d’embaucher une équipe d’ingénieurs spécialisées, c’est le rêve de bien des dirigeants d’entreprise. C’est exactement ce que permet de faire l’outil développé par la jeune pousse mia qui a terminé en décembre le programme de l’accélérateur Techstars Montréal AI. Cet accélérateur sélectionne des entreprises en démarrage dans le domaine de l’intelligence artificielle de partout dans le monde pour les aider dans la commercialisation.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Samantha Walker, cofondatrice et directrice générale de mia

« Lorsque nous avons commencé Techstars, nous avions déjà des centaines d’utilisateurs, mais notre plus grand défi était de mieux cibler notre clientèle pour la commercialisation et c’est ce que nous avons pu faire dans ce programme qui nous a donné accès à des experts de différentes industries », explique Samantha Walker, cofondatrice et directrice générale de mia, qui a finalement décidé de se concentrer sur les PME des secteurs traditionnels qui ont de grands besoins en matière de technologies.

« Notre mentorat est assuré par des gens qui ont déjà lancé des jeunes pousses et d’autres qui connaissent bien certains domaines et qui peuvent aider à les comprendre et à leur ouvrir des portes », explique Bruno Morency, directeur général de Techstars Montréal AI, qui investit 120 000 $ US (152 000 $ CAN) dans chaque entreprise qu’elle sélectionne.

Les défis particuliers de l’IA

Si les premiers clients sont généralement toujours difficiles à aller chercher pour les jeunes pousses, c’est encore pire dans le domaine de l’intelligence artificielle.

« Souvent, la start-up a un petit ensemble de données avec lequel elle développe son modèle, puis ses premiers clients fournissent des données qui servent à le raffiner, remarque M. Morency. Sont-ils de réels clients, ou des partenaires ? Nous les aidons à naviguer dans ces étapes complexes uniques au domaine de l’IA. »

Membre de la première cohorte de Techstars Montréal AI en 2018, AFX Medical a créé un outil d’aide au diagnostic utilisé principalement pour le domaine de la neuro-oncologie. L’entreprise en démarrage doit aussi naviguer dans le milieu de la santé, qui a sa propre complexité. Bien sûr, pour arriver à commercialiser son logiciel, AFX Medical aura besoin de l’approbation de Santé Canada. L’entreprise pense pouvoir l’obtenir au début de 2023. Mais, ce qui est particulièrement compliqué, c’est que son produit ne vient pas en remplacer un autre : il n’existe pas actuellement dans le milieu de la santé.

Il faut faire débloquer un budget pour notre produit qui améliore la performance humaine en réussissant à montrer sa valeur ajoutée.

Jérémi Lavoie, cofondateur d’AFX Medical, entreprise partenaire du Mila, l’Institut québécois d’intelligence artificielle

Il remarque d’ailleurs à quel point il est important pour une entreprise en démarrage dans le domaine de l’intelligence artificielle de trouver un problème qui a réellement besoin de la complexité de l’apprentissage profond pour être résolu.

« Dans les prochains mois, nous publierons un article dans une revue scientifique qui donnera les résultats d’une étude que nous avons réalisée avec le Centre hospitalier de l’Université de Montréal [CHUM] pour valider notre technologie de détection de tumeurs cérébrales », se réjouit Jérémi Lavoie.

Après Techstars, son entreprise a réalisé le programme Accélération du Centech, puis elle a été sélectionnée pour faire partie de son programme de deux ans Propulsion. « C’est un long parcours, mais c’est vraiment stimulant d’arriver à bien comprendre les technologies et le marché pour arrimer les deux, affirme l’entrepreneur. L’IA en santé a le potentiel d’être le plus grand agent de démocratisation en permettant d’automatiser l’expertise de pointe. »