Dans quelques semaines, après un peu plus d’un an d’études, Vyolaine Dujmovic, 26 ans, va terminer sa formation en montage mécanique à l’École des métiers de l’aérospatiale de Montréal (EMAM). Une corde de plus à son arc qui, elle l’espère, lui permettra de faire progresser sa carrière dans le domaine de l’aérospatiale.

Une génération de moteur et de gaz

Fille d’un peintre qui travaillait pour Bombardier, Vyolaine Dujmovic se souvient très bien du moment où, enfant, elle a visité pour la première fois un avion CL 415. « J’étais fascinée, comment un appareil aussi lourd pouvait-il voler ? Je voulais comprendre comment cela fonctionnait. » À cette curiosité se jumelait une passion pour le travail concret.

Je suis les traces de mon père, j’aime les moteurs et le gaz. Lorsque j’étais enfant, j’empruntais constamment ses outils et j’adorais être dans le garage.

Vyolaine Dujmovic

À la fin du secondaire, malgré la volonté de sa mère qui l’incitait à s’inscrire au cégep, elle a choisi un programme d’études professionnelles (DEP) en fabrication de pièces industrielles et aérospatiales en composites. « Les cours de philosophie et de français, très peu pour moi. Un DEP me convenait tout à fait, et lorsque j’ai terminé, j’ai travaillé un an chez Bombardier avant d’être mise à pied en raison d’une restructuration. »

Cette première perturbation ne l’a pas découragée, elle va en profiter pour assouvir une autre de ses passions, l’automobile. Cette fois, elle fait un DEP en carrosserie. Elle fera si bien qu’elle participera aux Olympiades mondiales de métiers. « J’étais la deuxième fille au monde à me rendre aussi loin en carrosserie. »

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Vyolaine Dujmovic, élève en montage mécanique à l’École des métiers de l’aérospatiale de Montréal (EMAM)

La vague qu’on n’avait pas vue venir

Elle a travaillé quatre ans dans l’automobile, mais ne voulant pas que sa passion devienne une obligation, elle est revenue en aérospatiale, chez Bell Hélicoptère, dans le secteur des composites. La pandémie est toutefois venue freiner ses élans. « Je sais que c’est une industrie qui connaît des vagues, mais la COVID-19 n’était pas prévue. Bell Hélicoptère est une compagnie extraordinaire. On a tout fait pour me garder, on m’a changée de secteur et affectée à la peinture en raison de mon expertise en carrosserie, mais un jour, on n’a pas eu le choix, on a supprimé mon poste. »

Loin de s’apitoyer, elle a intégré un programme d’Emploi Québec pour se perfectionner davantage. Son choix cette fois : le montage mécanique. « Je voulais pousser mes connaissances encore plus loin et apprendre les différences pièces que l’on retrouve dans un moteur ou un train d’atterrissage ainsi que leur fonctionnement, et je suis amplement servie ! »

Dans sa cohorte, Vyolaine Dujmovic ne se sent pas à part, ses confrères et consœurs viennent d’horizons différents. « Pour certains, c’est une réorientation de carrière, et il y a même une personne retraitée. C’est une industrie accessible où il n’y a pas de jeu de force. Si on est capable de lire des plans, qu’on est logique et manuel, on peut s’y faire une place. »

Un plan pour la suite

Vyolaine Dujmovic a un plan bien clair pour la suite : elle souhaite devenir apprentie technicienne en entretien d’aéronefs ou d’hélicoptères. « Je veux demeurer dans ce domaine. Je veux comprendre les problèmes d’un appareil et maintenir la machine en fonction. J’aime les casse-têtes et je veux un emploi qui va me pousser à réfléchir tout en me permettant de continuer un métier manuel. »

Quant à la volatilité de l’industrie, la jeune femme ne craint pas les soubresauts. « Il va toujours y avoir des vagues, mais en même temps, les gens ont besoin de voyager. Ce n’est pas demain que des robots vont nous remplacer. L’aérospatiale est un petit monde, et les employés qui y œuvrent respectent de hauts standards de qualité en raison des normes de l’industrie. »