Pour de nombreux Québécois, cotiser à son régime enregistré d’épargne-retraite (REER) est une tradition. Mais pour les jeunes, rien n’est si évident et plusieurs questions se posent. Tour d’horizon.

Influencé par son grand-père qui a réalisé de bons placements dans sa vie, Emmanuel Larouche, 30 ans, a commencé dans la vingtaine à cotiser à son REER en vue d’utiliser ses économies pour acheter une maison. Il a finalement réalisé ce projet et même si la somme qu’il avait accumulée dans son REER n’était pas suffisante pour couvrir la mise de fonds, elle lui a donné un bon coup de pouce.

Profiter du RAP

Pour sortir la somme accumulée dans son REER afin d’acheter sa maison, Emmanuel Larouche a utilisé le régime d’accession à la propriété (RAP), qui permet d’y retirer jusqu’à 35 000 $ sans devoir les ajouter à ses revenus imposables. Il faut toutefois remettre la somme dans son REER dans les 15 années suivantes.

Avec le remboursement d’impôt qu’on obtient de ses cotisations qu’on peut réinvestir tout de suite dans son REER, le RAP est intéressant parce qu’il aide à amasser rapidement une mise de fonds.

Simon Préfontaine, planificateur financier chez Lafond Services Financiers

Établir les priorités

Maintenant, Emmanuel Larouche continue à cotiser un peu à son REER, essentiellement pour rembourser la somme sortie avec le RAP. Devrait-il cotiser plus ? Il se pose la question parce que sa conjointe, qui a 24 ans, et lui ont chacun un régime de retraite au travail. Puis, le couple attend un bébé dans les prochains mois. Les deux tourtereaux ne sont pas mariés, mais leurs finances sont communes et ils placent un peu d’argent toutes les deux semaines dans un compte d’épargne libre d’impôt (CELI). « C’est possible que nous ayons besoin de cet argent prochainement », affirme-t-il.

Simon Préfontaine, planificateur financier, n’est pas inquiet de cette période où le jeune couple cotise peu à ses REER. Mais il indique que, dans les prochaines années, les conjoints devront prendre le temps d’analyser leur situation et de regarder leurs priorités.

« Ils attendent un bébé, alors ils auront beaucoup de dépenses, puis il faudra considérer l’impact des congés des parents sur le revenu familial, précise-t-il. En plus, ils ont chacun un régime de retraite, alors c’est normal qu’en ce moment, la retraite ne soit pas leur priorité. »

Réduire son revenu imposable

Une fois que l’enfant sera à la garderie et que les parents seront revenus pleinement au travail, le temps sera plus opportun de réévaluer les différentes priorités du couple, estime Simon Préfontaine.

Pour la retraite, il faudra notamment regarder si leurs régimes de retraite ont de bonnes chances de couvrir tous leurs besoins, puis bâtir une stratégie en conséquence.

Simon Préfontaine, planificateur financier chez Lafond Services Financiers

« S’ils doivent épargner davantage, le REER pourrait être intéressant, surtout si les deux sont rendus à des salaires assez élevés par rapport à ce qu’ils pensent obtenir dans leur carrière », dit-il.

En effet, le REER permet d’épargner pour sa retraite tout en diminuant son revenu imposable, ce qu’on cherche particulièrement à faire les années où on gagne le plus. « Puis, comme parents, réduire leur revenu familial imposable pourrait faire augmenter leurs allocations familiales au fédéral et au provincial », ajoute Simon Préfontaine.

Faire travailler son argent

Même si les sommes épargnées dans le REER d’Emmanuel Larouche ne sont pas très élevées en ce moment, Simon Préfontaine considère que le plus important est que l’habitude de l’épargne soit prise. « Emmanuel et sa conjointe sont jeunes, ils épargnent déjà et ils ont beaucoup de temps devant eux, affirme-t-il. Comme l’habitude d’épargner est prise, cela devrait être assez facile plus tard d’augmenter les montants. »

Il souligne toutefois l’importance de bien choisir leurs placements. « L’argent investi dans le REER y sera pour très longtemps, et sur 30 ou 40 ans, une différence de rendement de 1 % par année fait une énorme différence, précise Simon Préfontaine. Prendre le temps d’éduquer les jeunes épargnants sur le risque calculé de la volatilité est très important pour qu’ils puissent prendre de bonnes décisions sur leurs placements tout en respectant leur profil d’investisseur. »