Le Québec a longtemps misé presque uniquement sur l’hydroélectricité en raison des coûts de production trop élevés des autres sources d’énergie renouvelable. Alors que plusieurs voix s’élèvent pour que la reprise post-COVID-19 soit verte, le Québec s’ouvre à d’autres types d’énergie renouvelable. Le premier ministre François Legault veut d’ailleurs faire du Québec la « batterie verte de l’Amérique du Nord ».

« Les technologies se sont raffinées et les prix ont descendu drastiquement, ce qui fait que les autres sources d’énergie renouvelable deviennent de plus en plus compétitives, et c’est particulièrement vrai pour l’éolien », constate Denis Leclerc, président et chef de la direction d’Écotech Québec, la grappe des technologies propres.

Les chiffres sont sans équivoque. Le coût de production d’électricité de la dernière grande centrale hydroélectrique construite, la Romaine, était de 6,5 cents le kilowattheure, alors qu’il est de 6 cents pour le projet d’éoliennes Apuiat. Ce projet de 600 millions de dollars pour produire 200 mégawatts, qui a obtenu le feu vert du gouvernement du Québec en février dernier, sera réalisé en partenariat entre les Innus d’Uashat mak Mani-utenam et Boralex.

« La technologie devient dominante, la taille des éoliennes a très fortement augmenté pour atteindre maintenant des 150 ou 160 mètres de diamètre, alors les coûts de production ont diminué pendant que ceux de l’hydroélectricité ont augmenté », affirme Patrick Decostre, président et chef de la direction de Boralex, une entreprise fondée par Bernard Lemaire, qui est aussi derrière Cascades.

D’autres appels d’offres devront être faits prochainement pour répondre aux besoins liés à l’électrification des transports, notamment, et à l’exportation aux États-Unis.

Patrick Decostre, qui dirigeait auparavant Boralex en France, alors que l’Europe est très interconnectée en matière d’énergie, est convaincu qu’il est temps pour le Québec de rentabiliser les investissements faits pour développer la filière éolienne afin d’en faire bénéficier les Québécois et le Nord-Est américain.

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Patrick Decostre, président et chef de la direction de Boralex

S’il y a un endroit pour développer l’énergie éolienne dans le monde, c’est le Québec. Il y a un territoire très grand. Il y a une ressource très importante et elle est complémentaire avec les systèmes hydroélectriques de barrages et de stockage qui permettent de reporter la production de plusieurs mois en accumulant l’eau dans les réservoirs, alors que l’énergie éolienne doit être produite lorsqu’il y a du vent.

Patrick Decostre, président et chef de la direction de Boralex

Continuer l’innovation

Déjà dans le monde, le Québec se distingue avec 99,8 % d’électricité produite à partir d’énergie renouvelable, soit 94,5 % d’hydroélectricité et 5,3 % d’autres sources, principalement éolienne, d’après Hydro-Québec.

« Lorsque je présente ces chiffres à l’international, les gens sont très étonnés qu’on soit rendus là et ils se demandent ce que le Québec fera pour atteindre sa cible de réduction de gaz à effet de serre [GES] de 37,5 % sous le niveau de 1990 d’ici 2030, parce que la plupart des pays, comme les États-Unis, ont comme stratégie de verdir leur production d’électricité pour atteindre leur cible », indique Denis Leclerc.

Il est convaincu que le Québec doit être ingénieux pour continuer à s’améliorer. Il pense par exemple au projet de récupération de la chaleur émise par l’incinérateur de Québec pour chauffer, climatiser et alimenter en électricité l’hôpital de l’Enfant-Jésus.

« La meilleure source d’énergie est toujours celle qu’on récupère, affirme M. Leclerc. Puis, lorsqu’on a des besoins en électricité supplémentaire, il faut toujours se demander ce qu’on a comme sources potentielles et choisir la meilleure. Le Québec a développé des expertises et nous devons les faire rayonner davantage pour aider les pays à réduire leurs émissions de GES et créer de la richesse grâce à nos innovations. »