Chaque année, 8000 cargos sillonnent le fleuve Saint-Laurent, transportant 110 milliards de tonnes de marchandises diverses. L’industrie du transport maritime fournit 24 000 emplois et verse 1 milliard de dollars en salaires annuellement. Pas surprenant, car il s’agit de la porte d’entrée vers les Grands Lacs et l’Amérique du Nord pour les importations, et de la sortie pour les exportations.

La nécessité d’une logistique bien huilée devient rapidement évidente lorsque l’on considère le nombre de secteurs qui seront mis à contribution pour qu’un produit parte d’un point A pour atteindre un point B en utilisant le transport maritime, explique Robert Bellisle, président et directeur général de QSL, une entreprise de classe mondiale spécialisée dans l’opération de terminaux portuaires et l’arrimage.

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Robert Bellisle, président et directeur général de QSL

On a qu’à penser aux lignes maritimes, aux arrimeurs, aux agents qui feront l’inspection pour préparer le navire au voyage, ainsi qu’à toutes les fonctions liées à l’entreposage. QSL emploie 2000 personnes réparties dans 50 terminaux.

Servir le secteur minier

Les grandes sociétés minières, situées surtout dans le nord du Québec, sont un bel exemple des besoins logistiques, si l’on regarde toutes les étapes nécessaires pour assurer l’acheminement vers les mines de tous les produits et l’équipement nécessaires à leur exploitation. Tout doit être placé dans des conteneurs et arrimé sur des cargos, de dimensions souvent différentes, de façon à optimiser l’espace et à répartir le poids, explique M. Bellisle. Toutes les informations doivent être colligées de façon précise sur le site internet afin que les opérateurs de la mine aient un inventaire précis de tout ce qui sera livré. Pour le cargo qui desservira plusieurs destinations, l’emplacement de chaque conteneur sur le bateau doit avoir été prévu, car cela prendra une grande importance lors du déchargement. Même chose pour le transport des matières extraites des mines vers les raffineurs et autres utilisateurs. Le chargement nécessite souvent plusieurs opérations.

Et c’est sans compter le volet santé et sécurité au travail qui nécessite une attention toute particulière. Les arrimeurs ont souvent à préparer le transport de matières toxiques et doivent tenir compte de toutes les normes de sécurité nécessaires et dictées par les règles gouvernementales.

Les difficultés et les enjeux

Malgré une logistique bien ficelée, les arrimeurs doivent se préparer à affronter plusieurs problèmes, principalement tous ceux reliés à la température. Tempêtes et grands vents peuvent forcer à tout moment des modifications d’échéancier. Il faut avoir prévu comment cela s’effectuera compte tenu des charges transportées et des échéanciers, et en fonction du respect autant pour le cargo que pour les employés et l’environnement.

Au nombre des enjeux auxquels fait face l’industrie du transport maritime au Québec, il y a celui de la concurrence, explique Michael Fratianni, président-directeur général de MGT Montréal, une société de terminaux œuvrant au port de Montréal.

Les armateurs ont le choix d’aller où ils veulent. Il faut être conscient que d’autres opérateurs de terminaux, dont en particulier tous ceux sur la côte nord-est américaine, sont intéressés par nos clients, et qu’il importe pour nous de continuer d’investir dans nos infrastructures.

Michael Fratianni, président-directeur général de MGT Montréal, une entreprise de terminaux œuvrant au port de Montréal

Montréal est une plaque tournante du transport maritime, on a donc besoin d’un écosystème fiable, selon lui.

Il y a aussi l’enjeu de la main-d’œuvre, rappelle Robert Bellisle. « Il faut être un employeur de choix et assurer que notre main-d’œuvre est bien formée pour le volet santé-sécurité », dit-il.

Bien peu de gens réalisent toute l’importance du transport maritime dans l’économie, souligne Mathieu St-Pierre, président-directeur général de la Société de développement économique du Saint-Laurent (SODES). « Peu se doutent que 80 % de la consommation mondiale transite à un moment ou à un autre par le transport maritime », dit-il.

Plusieurs chiffres démontrent avec éloquence l’importance de l’industrie du transport maritime et la raison pour laquelle il importe d’assurer sa pérennité. Entre autres, rappelons que pour transporter l’équivalent d’un cargo de 30 000 tonnes, il faut 301 wagons de train ou 963 camions.