La présidente du conseil d’administration de la section Québec de Financial Executives International (FEI) Canada, Catherine Allard, est habitée d’optimisme. « On est devenus plus confortables dans la gestion des finances, dit-elle. Nos repères sont revenus. Le secteur financier est en santé. On retrouve des liquidités sur le marché comme jamais auparavant et on voit beaucoup d’appels à l’épargne. »
Le nouvel élan du marché des introductions en Bourse rassure également Maher Kooli, professeur de finances à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (ESG UQAM). « Ça reflète qu’on va retrouver la normale, affirme-t-il. Nous ne vivons pas une sortie de correction boursière, mais une rétraction. »
En effet, après de nombreuses introductions d’entreprises en Bourse en 2019, les marchés nord-américains et européens se sont rétractés, contrairement au marché asiatique. « Puis, au courant de 2020 et depuis le début de 2021, on a assisté à une vague incroyable d’arrivées en Bourses via les sociétés d’acquisitions à vocation spécifique, un phénomène moins exigeant que l’introduction en Bourse traditionnelle, qui attire beaucoup les entreprises de petite taille », explique-t-il.
Se relever lentement
Dans les secteurs les plus durement touchés, des occasions d’acquisitions d’entreprises apparaissent peu à peu. En théorie, les transactions devraient donc se multiplier.
On a appris à effectuer à distance une revue diligente et la valorisation d’entreprises, d’exécutifs ou de ressources. Avec le financement disponible actuellement, la plupart des entreprises ont repris leurs acquisitions. L’appétit est encore là.
Catherine Allard, présidente du conseil d’administration de la section Québec de FEI Canada
Elle observe néanmoins l’état des lieux avec prudence. « Même si les chefs des finances ont appris à gérer des ressources humaines très impactées et des équipes en télétravail, ils devront déployer des efforts pour s’assurer que les employés travaillent dans la même direction. »
Catherine Allard parle même d’un défi de rétention et de recrutement. « Avec la COVID-19, l’immigration a été interrompue, alors les nouveaux talents ne sont pas rentrés. Ça va prendre un certain temps pour corriger la situation. »
On dénote aussi une certaine précaution dans la distribution des profits et des dividendes depuis le début de la crise. « En temps de COVID-19, les entreprises réfléchissent à comment elles distribuent leur argent, souligne M. Kooli. À travers le monde, énormément d’organisations ont arrêté leur programme de rachat d’actions par prudence. La redistribution de dividendes a chuté de 22 % au 2e trimestre de 2020. »
Le Canada s’en sort toutefois assez bien. « Nos compagnies sont davantage résilientes, précise le professeur. Si plusieurs ont arrêté leurs programmes de rachat d’actions, les dividendes ont gardé leurs niveaux passés. »
Esquisser le futur
Questionnée sur la pérennité de certaines pratiques nées en pandémie, Mme Allard pense à la gestion immobilière des entreprises, alors que certaines d’entre elles ont déjà annoncé qu’elles ne reviendraient pas en présentiel à 100 %, ce qui aura un impact sur leurs besoins.
Elle pense également à la pénurie de plusieurs matières premières, à la croissance soutenue de l’approvisionnement local et au volet technologique. « La numérisation et l’automatisation des processus ont été accélérées par la COVID-19, avec les employés à distance, dit-elle. Plusieurs entreprises vont continuer d’investir dans les nouvelles technologies ou tenter de rattraper leur retard, ce qui placera la cybersécurité comme un enjeu de plus en plus présent dans la tête des gestionnaires. »
Maher Kooli rappelle quant à lui que la clé demeure la même que dans le passé. « À chaque crise du genre, on se rabat sur une meilleure gestion de risques, mais on n’invente rien. »
Les As de la finance 2021
La section Québec de FEI Canada tenait mercredi un gala virtuel pour son concours annuel Les As de la finance. Ce concours vise à reconnaître les réalisations professionnelles et l’engagement communautaire de dirigeantes financières et dirigeants financiers émérites au Québec. Les lauréats ont été soumis à un rigoureux processus d’évaluation mené par un jury indépendant. Cette année, le prix hommage Les As de la finance a été remis à Claude Mongeau, qui a œuvré au sein du CN pendant 22 ans, où il a occupé le poste de chef de la direction financière pendant onze ans et celui de président-directeur général durant six ans et demi. Il est aujourd’hui administrateur de sociétés.