Cinq ingénieurs « un peu fous » ont eu l’idée, en 2016, d’envoyer des robots (intelligents) à la rescousse dans les centres de tri pour faciliter le traitement des déchets, en plus de régler des problèmes criants de main-d’œuvre.

« On s’était alors dit : “Hé, on peut faire quelque chose de concret !” », se souvient Michel Laforest, président de Waste Robotics. À notre façon, nous voulions changer le monde et apporter notre contribution sur le plan environnemental. »

Cinq ans plus tard, la PME technologique de Trois-Rivières poursuit sur sa lancée. « Nous avons livré des robots-trieurs aux États-Unis et en Europe, précise-t-il. Nous avons reçu une nouvelle commande pour un client au Québec. La réponse des clients est très positive. Nous répondons à un besoin. »

Tout récemment, Fondaction a injecté 5 millions au sein de l’entreprise pour lui permettre d’élargir son offre de services.

« Cet appui nous met du vent dans les voiles et nous prévoyons doubler nos effectifs à 25 employés dès 2022, souligne l’ingénieur de 66 ans. C’est enthousiasmant. »

Quand nous leur avons présenté notre dossier, les gens de Fondaction nous ont dit : “Vous allez remplacer des jobs qu’on ne veut pas pour nos travailleurs, des jobs pénibles comportant des risques pour leur santé et leur sécurité.”

Michel Laforest, président de Waste Robotics

Parce qu’il est là, l’enjeu des centres de tri partout dans le monde : il y a de moins en moins de travailleurs pour effectuer ces tâches « ingrates » et à haut risque de blessures.

« Nos robots vont devenir les yeux, les bras et les mains des trieurs, qui pourront vaquer à d’autres occupations, plus valorisantes, au centre de tri », résume Michel Laforest, conscient des transformations que connaîtra cette industrie au cours de la prochaine décennie, avec la hausse des volumes de déchets à traiter.

PHOTO FOURNIE PAR WASTE ROBOTICS

« Nos robots vont devenir les yeux, les bras et les mains des trieurs, qui pourront vaquer à d’autres occupations, plus valorisantes, au centre de tri », résume Michel Laforest, président de Waste Robotics.

Et il s’empresse de parler de la vision de ses collègues, qui ont une solide expertise dans le développement de logiciels et dans le traitement des matières résiduelles.

« Nous voulons rendre les centres de tri totalement autonomes [en faisant passer les matières résiduelles sous les caméras hyperspectrales et les capteurs], soulève-t-il. Nos robots pourront faire tout le travail, mais toujours avec des employés qui assureront la supervision des opérations. »

Il n’y a pas de limite à ce que nous pouvons trier avec nos robots. La puissance de nos ordinateurs nous permet de faire des programmations et de reconnaître des objets de toutes sortes, de toutes formes.

Michel Laforest, président de Waste Robotics

La fin du bac brun ?

Il faut comprendre que les robots de Waste Robotics peuvent non seulement trier des bouteilles, des résidus de construction, du plastique, mais aussi des sacs… d’aliments compostables.

« On pense même qu’en ayant recours à nos robots intelligents, Montréal n’aurait plus besoin d’utiliser le bac brun pour la collecte des matières organiques, fait valoir le président de l’entreprise de la Mauricie. Les citoyens n’auraient plus qu’à mettre les sacs dans le même bac que celui des ordures ménagères. »

Encore une fois, ce sont les robots qui « identifieraient les sacs d’aliments compostables ».

« De la science-fiction ? Non, on est dans la réalité », conclut Michel Laforest, étonné lui-même de la vitesse à laquelle l’industrie du traitement des déchets évolue en temps de pandémie.

En chiffres

> 85 centres de tri au Québec

> Environ 2000 dans toute l’Amérique du Nord

Source : Fondaction