Partout sur la planète, c’est la course aux minéraux stratégiques ou d’avenir. Or, le sous-sol québécois regorge de telles ressources, notamment du graphite, du lithium et même des terres rares. Mais il reste encore plusieurs étapes (et quelques années…) avant que ces ressources se retrouvent dans les batteries et les autres appareils de stockage d’énergie. Survol.

Graphite

Six ans après avoir découvert un gisement de graphite à Saint-Michel-des-Saints, dans la région de Lanaudière, Nouveau Monde Graphite (NMG) continue à franchir les étapes vers la commercialisation de son précieux minéral. « En dehors de la Chine, on est le plus gros gisement et le plus avancé », explique le PDG Éric Desaulniers.

La PME travaille sur deux tableaux en ce moment. Tout d’abord, elle commencera l’exploitation d’ici 2024 de son projet minier Matawinie, pour lequel elle dit avoir obtenu toutes les autorisations gouvernementales. Le potentiel de ce gisement frôle les 120 millions de tonnes.

Dans un deuxième temps, NMG inaugurera, d’ici 2025, une usine à Bécancour pour sa technologie exclusive de purification de matériel d’anode avancé à base de graphite, lequel entre, notamment, dans la fabrication de batteries de voitures électriques.

Pour l’heure, 100 % de la transformation en matériel d’anodes dans le monde s’effectue en Chine, rappelle M. Desaulniers. Les clients potentiels de la société minière québécoise sont Panasonic, Tesla, LG Chemical et SK Innovation.

Les autres principaux gisements québécois de graphite sont ceux du lac des Îles, au sud de Mont-Laurier, et de Mason Graphite, au nord de Baie-Comeau.

Lithium

Il existerait entre cinq et dix gisements de lithium au Québec. L’entreprise Sayona Québec, propriété de l’australienne Sayona Mining, en possède quatre à elle seule en Abitibi et à la Baie-James. Il s’agit des sites de La Corne, Moblan, Authier et Moffet. Deux d’entre eux, acquis au cours des derniers mois, appartenaient à des intérêts chinois.

Selon Guy Laliberté, président et chef de la direction de Sayona Québec, l’objectif à court terme est d’exploiter le gisement de La Corne pour en faire du concentré, de même que du carbonate. Les équipements requis s’y trouvent déjà.

Le carbonate de lithium est entre autres utilisé dans les batteries pour les plus petits appareils électroniques et les appareils de stockage d’énergie. Les voitures électriques utilisent plutôt de l’hydroxyde de lithium, la technologie sur laquelle Nemaska Lithium, l’autre important projet québécois, table actuellement à son usine de Bécancour.

Grâce à nos mines, nous détenons 25 % des réserves de lithium en Amérique du Nord. Ultimement, on vise à vendre nos produits transformés aux Américains. Vendre des batteries à des New-Yorkais qui rechargent ces mêmes batteries avec de l’électricité d’Hydro-Québec, ce serait incroyable !

Guy Laliberté, président et chef de la direction de Sayona Québec

Le lithium figurerait au troisième rang des substances les plus recherchées actuellement au Québec, selon l’Institut de la statistique du Québec.

Terres rares

Il y aurait d’importantes réserves de terres rares au Québec. Le paradoxe des terres rares est qu’elles sont essentielles dans la production des produits de haute technologie (dont les énergies vertes), mais qu’elles génèrent beaucoup de pollution, dont des déchets radioactifs.

La transformation de terres rares dans le monde est actuellement concentrée en Chine, où des sites fortement contaminés, notamment en Mongolie intérieure, font la manchette.

L’un des plus importants gisements connus de terres rares au Québec est adjacent à la mine de Niobium appartenant à Niobec, à Saint-Honoré, à 26 km au nord de Chicoutimi. Celui-ci compterait près de 1 milliard de tonnes de minerais, dont une petite partie contient l’un des 17 métaux si recherchés, notamment le scandium et l’yttrium. Niobec, qui est passé en 2019 sous le giron de Magris, un consortium canado-asiatique, préfère ne pas faire de commentaires sur son gisement.

Mais un géologue proche du dossier, qui requiert l’anonymat pour ne pas nuire à ses relations d’affaires, confirme qu’à la suite de travaux de forage très révélateurs, une galerie a été creusée afin d’accéder au cœur du gisement des terres rares à partir de la mine de niobium. Malgré tout, aucune activité minière n’a été entreprise en lien avec le gisement des terres rares, dit-il.

Un autre gisement de terres rares, celui de Kipawa, au Témiscamingue, appartenant autrefois à Corporation Métaux Précieux du Québec, a été vendu l’été dernier à la société australienne Vital Metals. Le gouvernement du Québec, par le truchement d’Investissement Québec, demeure copropriétaire de Kipawa à hauteur de 32 %.