Les contrecoups de la COVID-19 ne sont pas terminés. Parlez-en à Lise Déziel, de l’entreprise Cordé Électrique, qui est devenue experte en jonglerie pour s’approvisionner en matières premières en raison des ruptures de stock. Mais si, malgré les défis, elle parle de façon plutôt positive de sa traversée de la pandémie, elle évalue que c’est parce qu’elle n’est pas restée seule dans son coin avec ses enjeux.

« Réseauter, c’est la clé du succès, affirme Lise Déziel. C’est ce qui permet de rester à jour, de se sortir de son quotidien pour prendre du recul, de relativiser ce qu’on vit. »

Cordé Électrique, qui fabrique des harnais électriques utilisés notamment dans des camions utilitaires et dans certains équipements de blocs opératoires, a tout de suite été classée comme entreprise essentielle au début de la pandémie. Mais encore fallait-il que l’entreprise d’une centaine d’employés trouve les ressources pour continuer à produire.

« J’ai des employés en or, mais plusieurs sont des mères de famille monoparentale, alors même si certaines ont fait des pieds et des mains pour continuer à travailler, d’autres ont pas été forcées de quitter leur emploi, alors que les garderies et les écoles étaient fermées », raconte la présidente-directrice générale.

Heureusement, les étudiants ont pris la relève.

« Ils n’ont pas pris la PCU, bien que ceux à temps partiel auraient fait plus d’argent à rester chez eux, précise-t-elle. Ils ont tenu la shop à bout de bras et je leur ai dit comment j’étais reconnaissante. Ils étaient fiers de faire une différence. »

Le défi de l’approvisionnement

L’approvisionnement est aussi devenu un grand défi depuis mai. D’ailleurs, Cordé Électrique a dû doubler le nombre d’employés dans ce service.

« La marchandise reste longtemps dans les ports, explique Mme Déziel. Les entrepôts se sont vidés, la demande est croissante, mais il y a encore des gens qui ne sont pas revenus au travail. Ainsi, la capacité n’est pas là et il y a toujours de l’insécurité dans les livraisons. Mais c’est comme ça pour tout le monde et ça a humanisé les relations entre clients et fournisseurs. »

Si Lise Déziel a compris quelques années après s’être lancée en affaires en 2010 l’importance de bien s’entourer, plusieurs l’ont réalisé pendant la COVID-19. C’est du moins l’analyse que fait le Réseau des femmes d’affaires du Québec (RFAQ), qui a presque triplé son personnel depuis le début de la pandémie.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Ruth Vachon, présidente-directrice générale du Réseau des femmes d’affaires du Québec

Plusieurs femmes se sont rendu compte que c’était encore plus difficile de développer leur réseau lorsque la COVID-19 est arrivée, et elles ont été interpellées par notre mission qui est de développer des marchés : ce sont des millions que nous générons dans les poches des femmes.

Ruth Vachon, présidente-directrice générale du Réseau des femmes d’affaires du Québec

Jouer les entremetteuses

En mai 2020, la conférence annuelle du RFAQ a tenu 400 rencontres de maillage entre de grandes entreprises et des entrepreneures. En 2021, il y en a eu plus de 1000.

« Les femmes présentent leurs produits à de grandes entreprises qui veulent s’approvisionner auprès d’organisations à propriété féminine, mais qui avaient, bien souvent, de la misère à les trouver », explique Mme Vachon.

Le besoin de maillage n’est pas près de s’essouffler, d’après le RFAQ, alors que les investisseurs tiennent de plus en plus compte des principes ESG (environnement, société et gouvernance).

Ruth Vachon continue d’ailleurs d’accroître la communauté virtuelle RFAQ+, développée avec la Caisse de dépôt et placement du Québec, en vue d’obtenir 500 entreprises à propriété féminine et 100 grandes entreprises québécoises qui souhaitent s’approvisionner auprès d’entrepreneures.

« Notre objectif était d’avoir des engagements en approvisionnement d’une valeur totale de 13 millions sur trois ans de nos 100 entreprises, mais nous en avons rencontré 4 seulement jusqu’à maintenant et leurs engagements sont de 130 millions, se réjouit fièrement Mme Vachon. L’impact sera majeur pour les femmes et nous le mesurerons. »

Mais encore faudra-t-il que les femmes soient bien entourées pour avancer.

« Plusieurs ont lancé leur entreprise en demandant des conseils et de l’argent à leurs proches, remarque Mme Vachon. Mais maintenant que leur entreprise est plus grande, ces proches ne sont plus nécessairement les bonnes personnes pour les conseiller. Il vient un temps où il faut aller chercher l’apport de gens neutres avec différentes expertises pour accélérer la croissance de son entreprise. »