Après un virage en ligne forcé par la situation sanitaire, les équipes des grandes fondations sont excitées, plus d’un an et demi plus tard, de replonger dans l’organisation de grands évènements. On est toutefois encore loin de reprendre la vie pré-COVID-19. Elles doivent encore respecter plusieurs règles sanitaires et prendre différentes mesures pour assurer un retour en douceur.

« Plus de 18 mois après le début de la pandémie, les gens sont un peu tannés du virtuel, et je ne me voyais pas tenir un autre évènement en ligne », indique d’emblée Julie Desharnais, directrice générale de la Fondation de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR).

Elle tiendra donc en présentiel, le 13 janvier prochain, le 10e anniversaire de la soirée champagne À Votre Santé !, puis les 14 et 15 janvier, le 20e anniversaire de Montréal Passion Vin. Au lieu d’accueillir 500 personnes, il y en aura 250 pour respecter les règles sanitaires, et elles devront être assises et porter un masque lors de leurs déplacements.

« Nous espérons que tout se passera bien, mais avec l’obligation de montrer le passeport vaccinal et les règles sanitaires en place, nous sommes confiants », affirme Julie Desharnais.

La Fondation HMR a pu tester la formule à la mi-septembre à son Encan de vins de prestige. Le souper s’est déroulé sur la terrasse du restaurant Hoogan et Beaufort et accueillait 70 personnes.

En 24 heures, nous avions vendu tous les billets pour clore l’Encan de vins de prestige. Les gens étaient contents de se retrouver, dans le plus grand respect des règles sanitaires. L’expérience s’est très bien déroulée.

Julie Desharnais, directrice générale de la Fondation de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont

Réapprendre à se rencontrer

À l’Association des professionnels en philanthropie, on se réjouit de voir qu’on retourne vers les évènements en présentiel, mais on réalise qu’il faudra réapprendre à se rencontrer. « Les gens ont vidé leur agenda ces dernières années, alors il faudra les habituer à y remettre de grands rendez-vous annuels », affirme le président, Daniel H. Lanteigne.

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Daniel H. Lanteigne, président de l’Association des professionnels en philanthropie

Les gens ont aussi perdu leurs habiletés sociales. « Ils ne savent plus comment se comporter, et ce sera encore pire lorsque les règles s’assoupliront, parce qu’il faudra trouver des façons de respecter le niveau de confort de chacun », remarque M. Lanteigne.

Il a d’ailleurs participé récemment à un congrès aux États-Unis, un pays où les gestes barrières sont appliqués à géométrie très variable. « Les organisateurs du congrès avaient donc opté pour des porte-noms avec un code de couleurs : le vert signifiait “poignée de main bienvenue”, le jaune, “tape sur l’épaule bienvenue” et le rouge, “distanciation physique”. Nous n’en sommes évidemment pas à cette étape au Canada, mais il faudra éventuellement penser à un système du genre pour éviter les malaises. »

Diversification des stratégies

Si les grands évènements répondent clairement à un besoin de se rencontrer et de consolider les liens avec les grands donateurs, ils ne sont toutefois pas la seule solution pour aller chercher des fonds.

« La pandémie nous a bien montré qu’il y a d’autres façons de solliciter les gens, affirme M. Lanteigne. Par exemple, pour aller chercher des dons majeurs de grandes entreprises, on peut prendre le temps d’aller rencontrer les dirigeants pour leur présenter un projet et leur demander s’ils ont envie d’embarquer au-delà de la commandite. »

L’urgence de la COVID-19 est aussi venue changer les priorités des donateurs. De plus, même si les besoins de fonds augmentent toujours, les donateurs ne se multiplient pas. Résultat ? Les mêmes personnes et organisations sont souvent sollicitées.

À la demande des donateurs, un mouvement de mutualisation s’est créé dans le domaine de la philanthropie il y a quelques années, et la COVID-19 l’a accéléré.

Daniel H. Lanteigne, président de l’Association des professionnels en philanthropie

Par exemple, les fondations de quatre hôpitaux de la Montérégie, Charles-LeMoyne et Pierre Boucher à Longueuil, Anna-Laberge à Châteauguay et l’Hôtel-Dieu à Sorel, ont uni leurs forces pour organiser le Défi des générations afin d’amasser des dons.

« Lorsque des fondations travaillent main dans la main pour atteindre un objectif, elles arrivent à avoir un meilleur rayonnement et l’impact de leurs efforts est plus grand, affirme M. Lanteigne. C’est aussi une stratégie pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre qui frappe durement les organismes à but non lucratif. »