Acteurs parfois méconnus du secteur des sciences de la vie, les entreprises en technologies médicales québécoises connaissent depuis des décennies un développement régulier et représentent aujourd’hui près de 40 % des emplois du secteur. Elles demeurent moins connues que les biopharmaceutiques parce qu’elles doivent le plus souvent se tourner vers l’exportation pour vendre leurs produits qui ne trouvent pas preneur au Québec.

« Ça va bien dans l’industrie, souligne Benoît Larose, vice-président pour le Québec de Medtech Canada. C’est un développement incrémentiel, généralement moins risqué que dans le pharmaceutique », à cause entre autres de la diversification des produits de technologies médicales et du fait que les produits des entreprises de ce secteur prennent moins de temps à développer et à faire approuver que des molécules pharmaceutiques.

Medtech Canada représente 120 entreprises du secteur des technologies médicales au Canada. La plupart sont des filiales locales de multinationales comme 3M, Roche, Siemens et Philips. Une trentaine de ces filiales sont présentes au Québec.

Au Québec, le ministère de l’Économie et de l’innovation (MEI) répertorie 369 entreprises en technologies médicales qui représentent 13 990 emplois. Près de 80 % de ces entreprises ont moins de 100 employés. Ces emplois comptent pour 38 % des 36 930 du secteur des sciences de la vie, qui regroupe aussi les biopharmaceutiques et les produits de santé naturels.

Selon Benoit Larose, ce recensement est bien incomplet, car le MEI n’y inclut pas les entreprises de santé numérique qui développent des applications en lien avec la santé.

« Je découvre de nouvelles entreprises en santé numérique presque chaque semaine », illustre-t-il.

La pandémie de COVID-19 a évidemment eu un impact sur le secteur, notamment celui de la production d’équipements de protection individuels. Par exemple, la société montréalaise Medicom a décidé de faire construire une première usine à Montréal pour y produire des masques médicaux.

D’abord l’exportation

Mais pour la majorité des entreprises du secteur québécois des technologies médicales, le succès réside toujours dans l’exportation de leurs produits vers l’étranger plutôt que dans la vente locale. Les quelques centaines de PME du secteur misent surtout sur les États-Unis, plus friands d’innovation que le Québec, pour commercialiser leurs produits.

Il n’y a pas d’entreprises qui développent [des produits] uniquement pour le Québec. Trop souvent, des entreprises développent ici [leurs produits] avec de l’argent public et ce sont des patients à l’extérieur du Québec qui vont en bénéficier. L’intégration de l’innovation, ce n’est pas évident au Québec.

Benoît Larose, vice-président pour le Québec de Medtech Canada

Si la taille des marchés québécois et canadien joue dans cette dynamique, M. Larose souligne que la philosophie du plus bas soumissionnaire nuit à l’adoption par le système de santé québécois de produits innovants conçus ici.

« Ici, tu obliges les PME à se faire évaluer au même titre que les multinationales [et] à proposer le prix le plus bas possible, explique M. Larose. Les PME ne sont pas toujours capables de baisser leurs prix » comme peuvent le faire les multinationales.

Soundbite vers les États-Unis

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Soundbite commercialise une technologie qui permet de déloger des plaques de calcium dans les artères bouchées, notamment dans les artères des jambes de patients atteints d’hypertension, de diabète et de maladies rénales.

C’est d’ailleurs vers les États-Unis que se tourne l’entreprise montréalaise Soundbite pour commercialiser son produit, une technologie qui permet de déloger des plaques de calcium dans les artères bouchées, notamment dans les artères des jambes de patients atteints d’hypertension, de diabète et de maladies rénales. Une autre version de sa technologie permet de libérer des artères cardiaques et d’éviter le pontage coronarien.

« C’est comme un marteau-piqueur miniature », illustre Lori Chmura, PDG de l’entreprise établie depuis plus de cinq ans dans le HUB Montréal, à proximité de nombreuses entreprises en sciences de la vie, et qui a démarré dans un laboratoire de l’Université de Sherbrooke.

L’entreprise prévoit commercialiser son produit aux États-Unis d’abord pour concentrer ses ressources limitées dans un processus d’homologation pour un plus grand marché.

« Nous devons lancer le produit là où il y a un gros marché, et pas seulement des petites poches de cas isolés, affirme Mme Chmura. Le Canada représente un marché plus petit que le Texas ou la Californie. »