L’avenir est dans la petite barquette recyclée pour l’entreprise environnementale Plastiques Évolupak, à Saint-Jean-sur-Richelieu. D’ailleurs, elle vient de recevoir un sérieux coup de pouce du gouvernement du Québec et de Fondaction pour soutenir une croissance accélérée.

À vrai dire, l’aide financière atteint 10 millions de dollars, sous la forme de prêts. Elle a permis à la PME de 70 employés, qui vient d’inaugurer une deuxième usine, d’investir dans l’achat d’équipements « hautement performants, à la fine pointe de la technologie », précise Marco Mercier, vice-président directeur général de l’entreprise de la Montérégie.

En vertu de ces investissements qui ont favorisé la création de 18 emplois, en plus d’accélérer le virage vers l’automatisation de la production, M. Mercier prévoit doubler la capacité de production de barquettes recyclées sur une période de trois à cinq ans.

« Cette année, nous avons produit 180 millions de contenants, dit-il. On s’enligne vers une production de 350 millions. C’est un marché en expansion, la demande provenant des producteurs de fruits et légumes va en grandissant. »

PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, COLLABORATION SPÉCIALE

Notre marché, c’est le Québec et l’Ontario. Ceux qui achètent nos barquettes sont des producteurs de champignons, de fines herbes, de carottes, de fraises et de framboises, d’aliments surgelés.

Marco Mercier, vice-président directeur général de Plastiques Évolupak

Des enjeux d’approvisionnement

Tout en reconnaissant que l’entreprise apporte « une solution à l’industrie », le vice-président ne cache pas que les enjeux d’approvisionnement de la matière première [les plastiques contaminés, postconsommation] demeurent bien présents.

« Étant donné que nous avons un accès limité à la matière première provenant du Québec, nous devons aller la chercher là où elle se trouve, aux États-Unis et en Amérique du Sud, et elle nous est expédiée par bateau, par camion. »

En chiffres

Production quotidienne : 25 000 lb (plastiques contaminés transformés)

Production projetée (par jour) : 50 000 lb

Et comment expliquer que le Québec traîne autant la patte en « matière » de recyclage des plastiques qui servent à produire des barquettes à des fins de consommation ?

Réponse du vice-président : il faut fouiller au fond du bac bleu, et regarder du côté des centres de tri, pour comprendre que « l’accès aux contenus recyclés est plus difficile » au Québec.

« Il n’y a pas de consigne pour les barquettes, signale-t-il, et les méthodes de tri ne sont pas au point. Il faudrait [adopter] une réglementation plus forte, de la part du gouvernement, si on veut vraiment que les choses évoluent, dans une optique d’économie circulaire. En attendant, on doit se tourner vers l’étranger pour faire tourner nos deux usines. »

Marco Mercier voit toutefois une lueur d’espoir avec la perspective que le gouvernement s’apprête à « forcer une plus grande utilisation de plastiques recyclés comme contenu de fabrication ».

« C’est ce que constatent les plus importants acteurs, soumet-il. Ce sera déterminant. »

Prendre les devants

Chose certaine, relève de son côté Guy Laroche, directeur de portefeuille à Fondaction, il est impératif d’offrir du financement aux entreprises d’ici qui font preuve d’initiative et qui mettent de l’avant des « solutions innovantes » en matière d’environnement.

« Nous avons la conviction que l’économie doit et va changer profondément pour répondre aux besoins de consommation, expose-t-il. Les entreprises qui n’ont pas ce raisonnement sur le radar vont être à la traîne éventuellement. »

Il ajoute : « On a choisi d’investir dans Évolupak parce qu’ils ont fait le choix de l’économie circulaire, ils ont intégré la capacité de produire eux-mêmes une matière 100 % recyclée, 100 % recyclable. »

De façon imagée, il précise que l’entreprise ne fait pas que produire des barquettes de champignons, mais elle fait également « pousser un marché » avec une usine unique « qui traite du plastique postconsommation », ce qui permet de réduire la chaîne d’approvisionnement.