Quatre mois après la mise en service du Madeleine II, la Coopérative de transport maritime et aérien (CTMA) se dit « très satisfaite » de la fiabilité du traversier acquis pour 155 millions de dollars par Ottawa pour la desserte entre Cap-aux-Meules et Souris, à l’Île-du-Prince-Édouard.

« Le défi [d’adaptation] est relevé », affirme Emmanuel Aucoin, directeur général de la coopérative madelinienne. « On n’a pas manqué un seul voyage, c’est tout dire. »

Il ajoute : « C’est une Formule 1, on le voit dans les manœuvres. Au quai de Cap-aux-Meules, on réussit à tourner ce mastodonte dans des espaces restreints, même si les vents sont violents. »

Ce nouveau traversier de 139 m de long construit en Espagne – et qui a traversé l’Atlantique en mars dernier avec à son bord 30 membres d’équipage de la CTMA – peut accueillir 300 véhicules et 1500 passagers. Ce qui est presque le double de la capacité de son prédécesseur, le Madeleine, qui avait servi pendant un quart de siècle.

PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

Le Madeleine II

« C’est aussi le plus gros traversier jamais exploité par notre coopérative, fait valoir le directeur général. On s’est fait comme un cadeau pour célébrer nos 50 ans d’existence ! »

Il ne manque d’ailleurs pas de souligner que la présence d’un traversier « fiable et performant » est indispensable pour le développement économique et touristique de l’archipel (population : 13 000 habitants).

« On le dit et on le répète, insiste-t-il. C’est l’épine dorsale, le poumon, le vecteur principal de notre économie. C’est aussi le prolongement de la route [terrestre] pour ceux qui habitent aux Îles et pour ceux qui viennent aux Îles. »

À preuve : chaque année, le traversier est emprunté par 120 000 personnes. Les trois quarts de ses utilisateurs le font durant la saison estivale, qui va de la mi-juin à la mi-septembre.

Nous avons deux grosses industries : la pêche et le tourisme, qui génèrent des revenus [totaux] d’environ 185 millions par année. Il nous faut un bon traversier pour exporter nos produits et transporter à la fois notre monde et tous ces touristes, en haute saison.

Emmanuel Aucoin, directeur général, CTMA

Élargir la mission

Le directeur général, lui-même un insulaire, revient sur la « mission » de l’organisme qui a vu le jour en 1944. « Nous avons une belle coopérative qui appartient aux Madelinots, dit M. Aucoin. Nous avons toujours été là pour stimuler le développement économique. Nous poursuivons sur cette lancée. »

CTMA en chiffres

100 millions : chiffre d’affaires de la coopérative

300 : nombre d’employés (en période de pointe, ce nombre atteint 500)

Source : CTMA

Tout en reconnaissant que l’activité « traversier » demeure fondamentale, voire essentielle, il tient à rappeler que la CTMA est beaucoup plus qu’un transporteur maritime.

« Nous disposons d’un parc de 22 camions et d’une centaine de semi-remorques qui assurent la livraison et l’acheminement de produits en provenance ou à destination des Îles, fait-il valoir. Nos camions se rendent jusqu’aux États-Unis. »

Il y a bien sûr les besoins d’approvisionnement pour satisfaire aux besoins de la population, mais il faut également composer avec la croissance de l’industrie touristique aux Îles-de-la-Madeleine.

Sur cet enjeu, Emmanuel Aucoin ne cache pas que les besoins en hébergement vont grandissant depuis quelques années, avec l’afflux de touristes. Et il n’écarte pas la possibilité que la CTMA en vienne bientôt à participer, cette fois à titre de « promoteur partenaire », dans le secteur de l’hôtellerie.

« On ne ferme pas la porte, dit-il. Si notre participation devient nécessaire, on pourrait faire montre d’ouverture. »