La pénurie de main-d’œuvre et le recrutement sont les principaux obstacles à la croissance des PME au pays. Mais ce ne sont pas les seuls obstacles rencontrés par les entrepreneurs, selon un récent sondage réalisé par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) auprès de 736 de ses membres. Survol.

Pénurie de main-d’œuvre

De tous les obstacles à la croissance des PME, la pénurie de main-d’œuvre ainsi que le recrutement et la rétention de travailleurs qualifiés sont largement en tête. Chez les PME de 20 à 49 employés, la pénurie est citée par 67 % des répondants et le recrutement, par 59 % d’entre eux.

« Quand on parle de pénurie, il s’agit de PME qui sont déjà à court d’employés, dit François Vincent, vice-président de la FCEI Québec. C’est le principal enjeu qui pose des contraintes en limitant notamment les ventes et la production. »

Le coût des intrants

L’augmentation du coût des intrants est citée comme un obstacle par 41 % des PME ayant répondu au sondage.

« Il y a eu des augmentations drastiques des coûts dans certains secteurs, notamment la construction et le domaine manufacturier, dit François Vincent. Par exemple, j’ai discuté avec un entrepreneur qui fonctionne à perte dans la construction d’édifices gouvernementaux, car dans le secteur public, une fois qu’un contrat est signé, on ne peut pas le changer. Certaines entreprises se retrouvent dans une situation très difficile. De plus, la pandémie a eu un effet indirect sur les approvisionnements et la chaîne logistique, ce qui a un impact assez important. »

La réglementation gouvernementale

Pour les PME, tout ce que l’on appelle familièrement la « paperasse » pèse lourd. Selon le sondage, 31 % d’entre elles estiment qu’il s’agit d’un obstacle à leur croissance.

« On parle ici du temps que l’entrepreneur prend pour répondre aux formalités administratives et réglementaires, dit François Vincent. Au Québec, le coût de ces formalités pour les PME est de 8,2 milliards annuellement. Il faut prendre en considération la composition du tissu économique québécois. Les deux tiers des emplois dans le secteur privé se trouvent dans des petites entreprises de moins de 100 employés. Au Québec, 53 % des entreprises ont moins de cinq employés, et 70 % en ont moins de dix. Tout est plus lourd et complexe pour ces petites entreprises. C’est du temps que l’entrepreneur n’a plus pour ses opérations, la prospection et d’autres activités. En proportion, cela coûte cinq fois plus cher aux petites entreprises pour ces formalités. »

Maintien d’un flux suffisant de liquidités

Pour 31 % des PME québécoises, le maintien d’un flux de liquidités et la gestion de la dette représentent aussi un obstacle à la croissance.

Pour une PME au Québec, à la suite de la COVID-19, la dette moyenne s’élève à près de 100 000 $.

François Vincent, vice-président Québec de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante

« Elles ont utilisé l’aide gouvernementale, dit François Vincent, mais aussi eu recours à l’endettement privé et ont puisé dans leurs économies personnelles. Au Canada, 71 % des entreprises se sont endettées pour faire face à la pandémie. C’est un défi important de reprendre son équilibre complet des impacts de la COVID-19 et de retrouver son rythme de croisière. Seulement 18 % des PME au Canada sont complètement rétablies, et dans certains secteurs, comme la restauration, c’est 4 %. On estime qu’il faut en moyenne 23 mois pour ce rétablissement. »