Afin d’aider les gestionnaires à mieux composer avec la présence exponentielle du télétravail et des horaires hybrides, les professeurs en gestion déploient plus d’efforts que jamais pour peaufiner leurs stratégies et leurs précieux conseils.

Dans les cours de perfectionnement auxquels s’inscrivent des étudiants évoluant déjà sur le marché du travail, le constat est clair : la pandémie a multiplié les nouvelles préoccupations. « Les gestionnaires de tous les milieux (OBNL, grandes organisations publiques, entreprises privées, etc.) savent que le télétravail va rester, explique Penelope Codello, professeure au département de management à HEC Montréal. Les questions qui reviennent le plus souvent sont : “Comment bien accompagner mon organisation pour que ça se passe bien et quels critères doit-on regarder ?” »

Aucun de ses étudiants ne semble s’accrocher à une vision passéiste de la gestion. « Je sens une acceptation qu’on va rester en mode hybride, dit-elle. Ils se demandent comment identifier les choses d’avant, en présentiel, qui étaient bonnes pour la productivité et le lien social, et comment faire un travail hybride performant économiquement et socialement. »

Pas nouveau

La pandémie n’a pas donné naissance au télétravail. Elle a accentué sa présence et décuplé les moyens technologiques pour le mener à bien. « Les plateformes de visioconférence n’existaient pas il y a 20 ans et internet n’était pas aussi puissant qu’aujourd’hui, précise François Bellavance, directeur des études à HEC Montréal. Nos professeurs se sont approprié rapidement ces technologies et leurs impacts sur le télétravail. »

Il rappelle d’ailleurs que les professeurs ont l’habitude de s’adapter. « C’est dans l’ADN d’un prof de s’ajuster aux nouvelles réalités et de voir venir ce qui nous attend dans 10 ou 20 ans. »

En effet, les chercheurs étudient les vertus et les défis du télétravail depuis plus de deux décennies. Par la force des choses, les gestionnaires ont récemment pris conscience de son existence à long terme. « Dans nos cours, on a de plus en plus d’exemples à donner à nos étudiants, dit M. Bellavance. On en parle davantage puisqu’on utilise beaucoup l’actualité pour illustrer certains concepts. »

Mme Codello abonde dans le même sens, en affirmant qu’elle entend parler plus que jamais des effets de la pandémie.

PHOTO FOURNIE PAR HEC MONTRÉAL

Penelope Codello, professeure au département de management à HEC Montréal

Avant, on parlait de la gestion à distance au cas où. Maintenant, il n’y a pas un cours durant lequel je n’entends pas parler des difficultés que mes étudiants rencontrent en gérant des équipes hybrides.

Penelope Codello, professeure au département de management à HEC Montréal

Elle offrait déjà une séance sur la gestion à distance depuis 10 ans, mais elle est persuadée que la thématique prendra encore plus de place qu’avant. « En gestion des ressources humaines, on réfléchit davantage aux politiques RH : comment implanter le télétravail, quel est le cadre, quelles sont les règles, comment s’assurer d’une équité organisationnelle entre les employés et les divers secteurs », ajoute la professeure.

Les spécialistes réfléchissent aussi à l’impact de ces nouvelles réalités sur la rétention et le recrutement des employés, les conditions de travail, les stratégies d’embauche, les droits du travail, la santé et la sécurité au travail, etc. « On réalise que nos étudiants gestionnaires ont plusieurs angles morts sur le télétravail. La littérature sur le sujet existe depuis longtemps, mais il va falloir la mettre en exergue pour leur faire réaliser qu’ils doivent avancer dans leur travail en possédant toutes les connaissances sur le sujet, afin de ne pas passer à côté d’enjeux majeurs. »