Avec à son actif 600 brevets, 393 publications scientifiques et 26 années d’expérience chez Hydro-Québec, la réputation du chercheur Karim Zaghib dans le monde des batteries de stockage est solidement établie. Sommité en son domaine, il s’affaire aujourd’hui à aider Investissement Québec dans le développement de cette filière.

La longue feuille de route de ce docteur en électrochimie commence à la suite d’une crise d’asthme. « Enfant, j’ai été coincé dans un bouchon de circulation dans le sud de la France. Les émanations m’ont rendu très malade au point d’être obligé d’aller à l’hôpital. Ç’a été le déclic, je voulais réduire la pollution due aux énergies fossiles qui sont responsables d’un décès sur cinq dans le monde, selon une étude de Harvard », raconte le scientifique.

Croire en la recherche

Karim Zaghib fait ses études en France et se rend ensuite au Japon, où il travaille pendant cinq ans. « Dans les années 1990, ce pays, avec la présence de Sony, était à l’avant-garde. La technologie des batteries au lithium était déjà bien avancée. »

Il a suffi d’un tremblement de terre et d’un appel d’Hydro-Québec pour qu’il se décide à s’installer dans la province en 1995. Dès son arrivée, il est impressionné par l’écosystème en place. « En plus de miser sur l’énergie verte, Hydro-Québec a cru en nous, il y avait une liberté de pensée. Je me suis épanoui ici en tant que chercheur », affirme-t-il.

La techno québécoise partout dans le monde

Grâce à son travail de recherche et développement et à l’apport de ses confrères, le Québec est devenu un leader des batteries au lithium-ion et des batteries au lithium tout solide.

On peut se servir des batteries pour l’électrification des transports, mais aussi pour le stockage. Une éolienne qui fonctionne toute la journée va remplir d’énergie une batterie. Ensuite, celle-ci va être utilisée pour l’équipement dans une maison.

Karim Zaghib, conseiller stratégique au comité de direction d’Investissement Québec

« On retrouve aujourd’hui nos technologies partout dans le monde », explique fièrement Karim Zaghib, qui a dirigé jusqu’à l’an dernier le Centre d’excellence en électrification des transports et en stockage d’énergie d’Hydro-Québec.

Une nouvelle économie circulaire

Le gouvernement travaille sur plusieurs fronts afin de créer une économie circulaire de la batterie au lithium. De la mine (graphite, nickel, lithium et cobalt) à la transformation du minerai, en passant par la fabrication des composantes nécessaires pour la conception des batteries (anodes, cathodes et électrolytes) et, pour finir, le recyclage, le Québec veut être tout au long de cette chaîne de production. C’est là qu’entre en scène le chercheur.

« J’ouvre mon carnet de contacts. J’interpelle des entreprises étrangères et leur explique les avantages du Québec. On a les ressources naturelles, le capital humain, les universités et une grande frontière avec les États-Unis. C’est gagnant-gagnant pour une usine de fabrication de batteries et, pour nous, cela crée des emplois », estime celui qui est maintenant conseiller stratégique au comité de direction d’Investissement Québec.

Une électrification qu’on ne peut plus arrêter

Après 35 ans à travailler dans l’univers des batteries, Karim Zaghib croit plus que jamais à l’électrification des transports. « Tesla, en 2008, a choisi des batteries au lithium et a ouvert la voie. Maintenant, nous sommes en face du syndrome de Kodak, soit tu prends le virage ou soit tu es condamné à t’éteindre. »

Son rêve est que le Québec ne vende que des véhicules électriques d’ici 2030. « Pour les amateurs de bruits, les entreprises vont sûrement mettre des stimulateurs de sons pour que vous puissiez “entendre” le moteur ronronner, mais cela va être zéro émission », dit-il, tout sourire.