Des navires qui consomment moins de carburant grâce à une « gestion intelligente » de l’énergie : voilà ce qui anime les ingénieurs et techniciens de Techsol Marine, une entreprise de Québec qui vogue depuis 25 ans sur la scène internationale.

« Nous innovons dans l’intégration des énergies vertes, explique François Lessard, grand timonier de la PME de 90 employés. Nous installons dans les navires des systèmes automatisés de distribution d’énergie électrique, des systèmes hybrides rechargeables. »

Ces innovations, précise-t-il, contribuent à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère, dans une proportion pouvant atteindre 25 %. Un enjeu de première importance, considérant l’augmentation du trafic maritime sur les cours d’eau de la planète, y compris dans le golfe du Saint-Laurent.

« À bord des navires, fait observer le président de l’entreprise, il y a de plus en plus de systèmes de stockage d’énergie, ce qui permet d’utiliser les génératrices de façon optimale. »

Pour étayer sa pensée, il fait un lien direct entre les avancées technologiques dans l’industrie de l’automobile et ce qu’on observe dans le secteur maritime.

« On sait que les véhicules hybrides sont dotés de systèmes permettant de recharger la batterie lors du freinage, souligne-t-il. C’est un peu le même principe qui s’applique avec les navires. Avec nos systèmes, on produit de l’électricité lorsqu’on utilise les hélices pour ralentir. »

À titre d’exemple, François Lessard indique que de tels systèmes ont permis aux exploitants de bateaux de pêche, entre autres en Alaska et dans l’océan Indien, de réaliser des économies « substantielles » de carburant.

Nous avons installé nos systèmes dans près de 500 bateaux, qu’il s’agisse de remorqueurs portuaires, de laquiers, de traversiers, de bateaux de pêche et même sur le petit bateau de croisière de la National Geographic Society.

François Lessard, président de Techsol Marine

Miser sur la formation

Il n’en demeure pas moins qu’à la vitesse avec laquelle s’opèrent tous ces changements, les besoins de formation sont grandissants au sein même de l’entreprise.

« Nous allons bientôt nous doter d’un centre de développement de produits de stockage d’énergie, avec un banc d’essai pour tester les diverses applications, souligne-t-il. Ce sera d’un grand apport pour nos équipes [de techniciens et d’ingénieurs]. »

Pas étonnant, dans un tel contexte, que l’entreprise se soit mise en mode embauche afin de pourvoir des postes-clés au sein de son « bureau de conception électrique ».

On recrute toutes les semaines. Mais [comme c’est le cas pour bon nombre d’entreprises technologiques de la région de Québec] nous avons beaucoup de difficulté à trouver du monde.

François Lessard, président de Techsol Marine

Cette rareté de main-d’œuvre est « un gros frein » à sa croissance, qui demeure néanmoins soutenue. Qu’à cela ne tienne, la filiale de Groupe Océan entend se déployer davantage à l’international au cours des prochaines années.

« Actuellement, près de 20 % de nos ventes se font à l’extérieur du pays, calcule-t-il. Nous voulons hausser ce pourcentage et rebâtir notre marché [sur d’autres continents] au cours des prochaines années. »

Percée en Chine

En vertu d’un contrat réalisé en collaboration avec Canada Steamship Lines (CSL) et Sel Windsor pour la construction en Chine d’un navire autodéchargeur d’une capacité de 26 000 tonnes, l’entreprise de Québec fait son entrée en Asie. Ce bateau parcourra éventuellement la « route du sel », à partir de Mines Seleine, entre les Îles-de-la-Madeleine et les dépôts de Québec et de Montréal.

« Nous avons expédié en Chine nos équipements tout récemment, indique François Lessard. On estime que grâce à nos systèmes de gestion de l’énergie, la consommation de fuel sur ce navire sera réduite d’au moins 25 %, ce qui aura bien entendu un impact positif sur l’environnement. »