Neuf mois déjà que les PME se débattent avec la COVID-19. Certaines ont dû modifier leur modèle d’affaires, qui ne pouvait pas survivre au confinement et au ralentissement économique. D’autres sont venues près de mettre la clé sous la porte. Certaines l’ont fait. Mais ce n’est pas parce que l’on manquait de financement, semble-t-il.

Grâce aux programmes gouvernementaux, les PME ne se retrouvent pas aujourd’hui en trop mauvaise posture, assure Robert Bastien, vice-président, Services aux entreprises, chez Desjardins.

Les PME se sont d’abord vues consentir des prêts jusqu’à hauteur de 40 000 $ par le gouvernement fédéral. Ce sont les banques qui étaient les exécutants pour le compte du gouvernement. Puis, les PME ont pu profiter des subventions salariales afin de maintenir leur force de travail durant le ralentissement des activités. Enfin, un troisième programme permettait aux petites entreprises les plus frappées de ne payer que 25 % de leurs loyers commerciaux. De plus, des PME ont profité d’un moratoire sur le remboursement de leurs prêts commerciaux et immobiliers auprès de leurs institutions financières.

PHOTO FOURNIE PAR LA BANQUE NATIONALE

Stéphane Achard, vice-président à la direction, Entreprises et Assurances, à la Banque Nationale

Les besoins de financement des PME causés par la pandémie ne se sont pas avérés aussi énormes qu’on aurait pu le croire, explique Stéphane Achard, vice-président à la direction, Entreprises et Assurances, à la Banque Nationale. « Au premier choc, les PME ont entrepris de dégonfler leur fonds de roulement, entre autres par l’encaissement des comptes recevables », dit-il.

Puis sont arrivés les programmes gouvernementaux.

Les subventions salariales ont fait en sorte que plusieurs PME ont pu maintenir de bonnes liquidités.

Stéphane Achard

Signe encourageant, bon nombre d’entreprises ont repris le remboursement sur les prêts qui faisaient l’objet d’un moratoire, indique le vice-président de la Banque Nationale.

Des chiffres encourageants

Les effets positifs des différents programmes gouvernementaux semblent se refléter dans les résultats du plus récent sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) tenu auprès de ses membres. À la question « Votre entreprise est-elle encore complètement ouverte ? », 69 % ont répondu par l’affirmative. En avril, cette proportion était tombée à 20 %. Au Québec, les PME font encore un peu mieux que cette moyenne nationale alors que 74 % d’entre elles disent être complètement ouvertes.

Quant aux revenus, le sondage de la FCEI révèle qu’au Québec, 37 % des PME réalisent actuellement des revenus au moins égaux à leurs revenus habituels pour cette période de l’année. Pour 11 % d’entre elles, ces revenus sont même supérieurs, indique le sondage. Pas surprenant, car certaines entreprises, entre autres les manufacturiers de biens et de produits pour la vie et les loisirs extérieurs, ont réalisé le meilleur été de leur existence.

Tout n’est pas gagné

En dépit de ces chiffres intéressants, on est loin d’avoir gagné la guerre, craignent les banquiers. Jusqu’où pourra aller l’aide gouvernementale ?, se demande-t-on. « Le plâtre ne pourra pas être éternel », prévient Robert Bastien.

Il est difficile de prévoir où l’on s’en va, estime Stéphane Achard. Tôt en 2021, les liquidités de nombreuses PME seront épuisées si la situation persiste, selon lui. Le défi sera de rouvrir l’économie. « Si l’on ne réussit pas à le faire d’ici février ou mars, les problèmes referont surface », dit-il.

Une nouvelle initiative

Le ministre de l’Économie et de l’Innovation du gouvernement québécois, Pierre Fitzgibbon, a annoncé tout récemment le lancement d’un guichet unique « Accès entreprise Québec », qui se veut être un nouveau service d’accompagnement pour les PME. Ce guichet unique permettra à tous les entrepreneurs de déterminer les ressources et les programmes qui sont à leur disposition. Cela aura comme effet de réduire les coûts et d’améliorer l’efficacité des PME dans leur recherche d’aide et de soutien.