Plusieurs indicateurs sont inquiétants pour 2021

Il y a près d’un an, un premier cas de COVID-19 était découvert en Chine. Trois mois plus tard, les Bourses ont commencé à s’effondrer, et peu après, c’était le Grand Confinement. Chez de nombreux retraités et chez des gens près de le devenir, la peur s’est installée. Celle d’être gravement affecté par la maladie d’abord, mais aussi celle de voir leur sécurité financière voler en éclats. État des lieux.

Pour l’instant, force est de constater que les retraités ont pu bien s’en tirer, à condition de ne pas avoir paniqué et d’avoir conservé leurs actions lorsque les cours tombaient, résume Daniel Laverdière, planificateur financier et directeur principal, centre d’expertise, pour la Banque Nationale Gestion privée 1859. « Grâce à la reprise des marchés boursiers, la valeur des portefeuilles se retrouve sensiblement où elle était avant le recul rapide du mois de mars », dit-il.

De plus, les évènements ont amené les banques centrales à réduire rapidement les taux d’intérêt, entraînant ainsi une hausse marquée du prix des obligations que les détenteurs ont sûrement constatée sur leurs relevés de comptes de placements. Somme toute, un bilan plutôt positif, du moins pour l’instant.

De quoi l’avenir sera-t-il fait ?

Mais si le choc financier initial a pu être absorbé par les retraités, l’avenir n’en demeure pas moins inquiétant. Nul doute que l’économie a été durement touchée par la pandémie. « Nous percevions déjà des signes de ralentissement en début d’année, et la pandémie est venue empirer la situation », dit Jean Duguay, chef des placements au Groupe Eterna. Les indicateurs de croissance économique sont devenus fortement négatifs, et demeurent en territoire négatif malgré une reprise non négligeable depuis l’été. Mais résisteront-ils à une deuxième vague de la pandémie qui semble plus forte que la première ? Les perspectives sont pour le moins inquiétantes.

Le problème, ce sont les taux d’intérêt

La chute des marchés boursiers au début de la pandémie a touché négativement les ratios de solvabilité des caisses de retraite, mais ceux-ci, comme les marchés boursiers, se sont par la suite assez bien replacés, explique F. Hubert Tremblay, conseiller principal du domaine Avoirs de Mercer Canada. « Il manque environ 5 % pour que les ratios de solvabilité des caisses de retraite soient rétablis complètement », précise-t-il.

Mais le problème, ce sont les taux d’intérêt, selon lui. Puisqu’ils sont aussi bas, ils entraîneront une baisse des rendements futurs. Si le problème persiste, une hausse des cotisations pourrait être envisagée. De plus, pour les employeurs qui se retrouvent en difficulté, il serait illusoire de croire que les prestations ne seront pas réduites éventuellement, selon M. Tremblay. Cela pourrait finir par toucher les retraités recevant des prestations de caisses de retraite privées.

Baisse du niveau de l’épargne

Quant à l’épargne-retraite des particuliers, le ralentissement économique et les pertes d’emplois entraînent une baisse du niveau de l’épargne, explique M. Tremblay. Tout ça conjugué avec la baisse des rendements, les futurs retraités auront à faire des choix difficiles, croit-il. À moins d’un retour rapide à la situation d’avant la COVID-19, ils auront à choisir entre remanier leur plan de retraite, diminuer leur niveau de vie, trouver le moyen d’économiser plus, allonger la période de travail ou, s’ils s’en sentent capables, prendre plus de risques avec leurs placements. « Chose certaine, n’hésitez pas à vous faire aider », dit le conseiller principal chez Mercer.

Les rendements prévus sur les marchés boursiers au cours des prochaines années pourraient bien être inférieurs à ce que nous avons connu dans les dernières années, explique Martin Delage, chef de placements, Groupe Optimum. « Les rendements des 10 dernières années risquent bien de ne pas être égalés », dit-il. Et cela, c’est sans compter une hausse probable de la volatilité des marchés, selon lui.