Malgré le fait que les économies nord-américaines aient traversé une sérieuse récession, les épargnants et leurs fonds négociés en Bourse (FNB) se portent plutôt bien. Tant dans le secteur immobilier que sur les marchés boursiers et obligataires, ceux-ci ont réalisé des bénéfices fort intéressants, ce qui constitue une première en période de récession, note Stéphan Marion, économiste en chef, Financière Banque Nationale.

L’aide gouvernementale distribuée généreusement depuis six mois tant aux individus qu’aux sociétés de toute taille, ainsi que le maintien de taux d’intérêt très bas et l’injection de liquidités par les banques centrales ont permis cette résilience des bénéfices, explique l’économiste.

Mais devant l’arrivée d’une deuxième vague de la pandémie, on peut se demander si on pourra en faire autant. L’approbation par le Congrès américain et la mise en place de mesures supplémentaires pour contrer les effets de la récession s’avèrent de plus en plus difficiles aux États-Unis compte tenu de la polarisation sur la scène politique à l’approche de l’élection du 3 novembre. Et c’est sans compter l’énorme incertitude qui entoure le déroulement de l’élection présidentielle et la passation des pouvoirs si le résultat devait favoriser le candidat démocrate.

Les quelques prochains mois ne sont pas favorables à la prise de risque, d’autant plus que les valorisations boursières sont actuellement déjà relativement élevées, explique Stéphan Marion.

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Stéphan Marion, économiste en chef, Financière Banque Nationale

Il serait sage pour l’instant d’éviter d’ajouter du risque à son portefeuille.

Stéphan Marion, économiste en chef, Financière Banque Nationale

Vers une correction boursière ?

Début septembre, les indices boursiers américains établissaient de nouveaux sommets historiques. Mais depuis, ils se sont quelque peu repliés, et la tendance semble maintenant plus incertaine.

Selon Jean Duguay, gestionnaire de portefeuilles au Groupe Eterna à Québec, il faut s’attendre à ce que les marchés boursiers subissent une correction de 10 à 15 %, et ce, d’ici la fin de l’année.

La conjoncture économique actuelle n’est pas claire, croit-il. « On voit que plusieurs économistes ne sont pas à l’aise avec les statistiques économiques qui se succèdent présentement », dit-il. Il estime que 26 millions de personnes sont enregistrées aux programmes d’aide gouvernementaux. Dans un tel contexte, on peut croire qu’il faudra beaucoup de temps pour que les chiffres de l’emploi retrouvent un niveau compatible avec une solide reprise économique.

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Mathieu D’Anjou, économiste en chef adjoint chez Desjardins

Malgré des risques de volatilité plus élevés au cours des deux prochains mois, en fin de compte, l’année 2020 devrait produire de bons rendements aux épargnants-investisseurs, estime Mathieu D’Anjou, économiste en chef adjoint chez Desjardins. Les obligations ont fourni de bons rendements alors que la baisse des taux entraînait une hausse du prix des obligations, et la forte remontée des Bourses à la suite de la débâcle du mois de mars est en voie d’offrir des rendements positifs sur les marchés américains.

La clé demeure les taux d’intérêt

L’année 2021 sera toutefois un peu différente, selon l’économiste de Desjardins. D’abord, il ne faut pas s’attendre à des rendements aussi intéressants sur les marchés obligataires. « Les taux d’intérêt ne peuvent guère aller plus bas, ce qui limitera l’appréciation du prix des obligations », dit-il.

Mais les taux d’intérêt demeureront très bas et continueront de soutenir les marchés boursiers, selon lui. « Nous verrons des taux d’intérêt réels négatifs pour quelques années à venir », dit-il. Le taux d’intérêt réel est le taux d’intérêt nominal moins le taux d’inflation.

Les plus récents propos du président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell, confirment que les taux d’intérêt vont demeurer très bas pour un bon moment. « Le signal est clair », dit Mathieu D’Anjou. Et cela augure assez bien pour les rendements boursiers en 2021 qui devraient être positifs sans toutefois être spectaculaires.