Le secteur du transport électrique ne connaît pas encore de pénurie de main-d’œuvre, mais la situation n’en est pas moins préoccupante. Tellement que 70 % des artisans de cette industrie affirment que le manque d’employés commence à être un obstacle à la croissance.

Sarah Houde, présidente de Propulsion Québec, dont le rôle est de faire croître cette industrie, affirme que cette situation est facilement explicable. « Le transport électrique et intelligent est marginal et encore émergent, mais on sait que, d’ici quelque temps, il va devenir la norme. En ce moment, l’industrie se compose de beaucoup de petites entreprises, mais pour qu’elles deviennent grandes, il va falloir des gens. C’est pour cela que l’on sait que la pénurie d’employés se dessine à l’horizon. »

Une main-d’œuvre déjà courtisée

Ingénieurs électriciens, électromécaniciens, concepteurs de logiciels, mécaniciens et réparateurs de véhicules électriques figurent parmi les professions jugées prioritaires. Le problème, c’est que certains de ces professionnels sont activement recherchés dans d’autres secteurs économiques. « On s’arrache les ingénieurs et les concepteurs de logiciels. L’industrie du jeu vidéo et l’aéronautique mettent le paquet pour attirer ces gens. Notre faiblesse, c’est que nous sommes peu connus », soutient Sarah Houde.

Passer de l’ombre à la lumière

Pour passer de l’ombre à la lumière, l’industrie du transport électrique compte travailler à faire connaître son secteur en s’affichant, entre autres, dans les établissements scolaires. Pour convaincre les futurs candidats, elle a d’ailleurs plusieurs atouts dans sa manche.

On figure dans le créneau du développement durable, on est dans un secteur où on repousse les limites, on façonne l’avenir de la mobilité. On trouve des solutions grâce à des technologies avancées et les emplois dans ce secteur sont bien rémunérés.

Sarah Houde

Recruter à l’étranger

Afin de pallier le futur manque de main-d’œuvre, Propulsion croit qu’il faut aussi aller recruter des talents à l’étranger. Des missions en ce sens ont déjà eu lieu, mais en raison de la COVID-19, ces démarches sont pour l’instant sur la glace.

Une formation à adapter

En plus de son manque de reconnaissance, ce secteur doit aussi faire face à des formations qui ne sont pas toujours adaptées. « Les étudiants sortent avec une bonne formation de base, mais il faut des concentrations spécifiques concernant le transport électrique. En ce moment, ce sont les entreprises qui doivent former à l’interne leur personnel. Cela représente un investissement majeur. »

Des emplois appelés à disparaître

Le constat est le même pour les formations continues proposées aux travailleurs déjà en emploi. C’est le cas notamment des mécaniciens automobiles. « Les véhicules électriques sont des ordinateurs sur quatre roues et un faible nombre d’ateliers mécaniques peuvent offrir un service de réparation parce que les formations sont en nombre insuffisant. »

Propulsion suggère de mettre sur pied des cours de mise à niveau se concentrant sur les moteurs électriques, la mécanique électrique, mais aussi au sujet des outils de gestion comme l’infonuagique, les bases de données et la gestion proactive de la performance. « Il faut une transition si on ne veut pas que ces bassins de travailleurs se retrouvent dépassés par l’avancement technologique alors que leurs emplois seront progressivement appelés à disparaître », estime Sarah Houde.