Malgré certaines inquiétudes au printemps, il semble bien que l’industrie des fonds communs n’ait pas été trop écorchée par les six premiers mois de la pandémie.

Au contraire, selon les chiffres de l’Institut des fonds d’investissement du Canada (IFIC), les ventes nettes de fonds communs ont totalisé plus de 3 milliards de dollars pour chacun des mois de juin et de juillet pour un total de plus de 11 milliards depuis le début de l’année.

Il y a toutefois eu un certain transfert des actifs à partir des fonds équilibrés vers les fonds d’obligations, note Annamaria Testani, première vice-présidente, ventes nationales, chez Banque Nationale Investissements (BNI). « Ce ne fut qu’un déplacement, l’argent n’a pas comme tel quitté les fonds communs », dit-elle. Les investisseurs optaient simplement pour plus de sécurité.

Les fonds d’actions ont également profité de la reprise des marchés au cours des derniers mois. L’actif sous gestion dans les fonds d’actions est en hausse de plus de 1,8 milliard depuis le début de l’année après avoir subi des sorties de fonds de 5,4 milliards pour la même période en 2019.

La confiance revient

Les investisseurs ont rapidement repris confiance après quelques semaines de forte volatilité en mars, et ce, surtout en raison de deux facteurs, explique Frédérick Demers, directeur, stratège en investissements, BMO Gestion mondiale d’actifs. D’abord, la forte récession causée par l’éclosion de la pandémie est atypique.

C’est-à-dire que certains secteurs économiques ont été frappés de plein fouet. On n’a qu’à penser à tout ce qui touchait de près ou de loin au tourisme et à l’hôtellerie. Par contre, d’autres en profitaient, tels les fabricants de biens pour les loisirs extérieurs et les rénovations.

Mais aussi, les cols blancs ont été moins frappés par la déroute économique, et les mises à pied qui ont suivi ont été beaucoup moins importantes que chez la plupart des autres groupes de travailleurs. Ainsi, les revenus se sont assez bien maintenus chez les investisseurs, note M. Demers.

La reprise des marchés n’est pas sans rappeler les crises précédentes, et elle confirme de nouveau l’idée qu’il ne faut pas, selon l’adage, se placer à contre-courant de la Réserve fédérale américaine (Fed).

« Celle-ci n’a mis que deux semaines, dès la fin du mois de mars, pour annoncer et mettre en place des mesures sans précédent pour soutenir l’économie », dit Frédérick Demers. Les investisseurs ont été rassurés, et l’impact sur les marchés boursiers fut instantané.

Un bémol à la reprise

En moins de six mois après la dégringolade du mois de mars, les indices boursiers bien connus tels le Dow Jones et le S&P 500 ont touché de nouveaux sommets historiques pouvant ainsi laisser croire à certains que la crise économique est maintenant derrière nous.

Mais l’image est un peu moins rassurante si l’on s’attarde plutôt à l’indice Russell 2000, beaucoup plus large et qui couvre les petites et moyennes entreprises aux États-Unis, note Frédérick Demers. Lourdement frappé en mars, cet indice demeure toujours au moins 10 % en deçà de son sommet historique de février.

Cet indice très représentatif de la santé de l’économie américaine vient ainsi jeter un baume sur les indices plus populaires qui surfent pour l’instant sur les grandes sociétés technologiques, bien que celles-ci ne montrent pas actuellement pour la plupart des bénéfices justifiant un tel enthousiasme.