« Le gros des tâches comme superviser les enfants, faire le ménage, cuisiner – sauf au barbecue ! – est retombé sur les femmes et beaucoup sont exténuées », constate Françoise Lyon, présidente du conseil d’administration de l’AFFQ et présidente de la firme de placement privé DGC Capital.
En même temps, le confinement a littéralement fait disparaître la vie jet-set des travailleurs de la finance.
« J’ai le plaisir de manger maintenant tous les soirs avec ma famille alors qu’avant, je prenais l’avion chaque semaine pour voir des clients, participer à des conférences ou siéger à des conseils d’administration, affirme Françoise Lyon. Je me battais deux heures par jour dans la circulation pour travailler au centre-ville, avec la peur d’arriver en retard aux réunions. Maintenant, je prends le temps de faire du yoga, de boire un thé, de regarder les nouvelles, puis, cinq minutes avant le début de la réunion le matin, je m’installe à mon bureau. »
Heureuse d’avoir repris le contrôle de son agenda et diminué son impact environnemental, elle croit qu’une prise de conscience se fait actuellement.
« Même si nous ne ferons pas toujours tout à distance, je crois que nous serons plus sélectifs dans ce que nous accepterons », affirme Mme Lyon, jointe à son chalet dans les Cantons-de-l’Est.
Le rythme de vie effréné en finance a mené d’ailleurs de nombreuses mères à quitter leur emploi, souvent après leur deuxième enfant, constate Françoise Lyon.
Les réunions dès 7 h 30 et les soupers fréquents qui se terminent à 22 h pour fêter la réalisation d’une fusion et acquisition, ça ne fonctionne pas avec une vie de famille, sauf si on a un conjoint à la maison.
Françoise Lyon
Françoise Lyon remarque toutefois que dans les grandes organisations, les progrès ont été « extraordinaires » ces dernières années pour favoriser la progression de carrière des femmes et tenter de les retenir. Par contre, c’est plus difficile dans les plus petites organisations.
« Lorsqu’une femme part en congé de maternité, on dit que ça crée un problème dans le fonctionnement de l’organisation, mais maintenant, les hommes aussi prennent des congés parentaux, alors ce discours ne devrait plus seulement viser les femmes », affirme la présidente du conseil d’administration de l’AFFQ, qui compte deux administrateurs masculins.
Plus de femmes dans les hautes sphères
Malgré les efforts, les équipes de direction des grandes entreprises canadiennes restent très majoritairement masculines. Un récent rapport publié par Catalyst indique que la proportion de femmes dans la haute direction des entreprises de l’indice composé S&P/TSX est passée de 15 % à 18 % entre 2015 et 2019.
Les progrès sont plus marqués dans les conseils d’administration avec 27,6 % de femmes en 2019 comparativement à 18,3 % en 2015. C’était aussi la première fois que toutes les entreprises de S&P/TSX comptaient au moins une femme dans leur conseil d’administration.
« La Loi canadienne sur les sociétés par actions, entrée en vigueur en janvier 2020, les oblige à divulguer leurs politiques en matière de diversité au sein de leur conseil d’administration et de leur haute direction ainsi que leur pourcentage de femmes, notamment », explique Sherazad Adib, directrice principale pour le Québec chez Catalyst.
Elle ajoute que les grands investisseurs, comme les caisses de retraite, font aussi pression. Alors que tout s’aligne pour créer une place plus confortable pour les femmes en finance, l’AFFQ, qui compte 800 membres, tente d’attirer plus de jeunes.
« Nous voulons les accrocher dès qu’elles entrent au secondaire en leur parlant des différentes professions qu’elles peuvent faire en finance », explique Mme Lyon, qui précise que l’AFFQ a aussi créé des bourses d’études.
Les membres de 50 ans et plus sont aussi une priorité. « Plusieurs semblent vivre de la discrimination, alors nous nous y pencherons, affirme Mme Lyon. Puis, nous voulons les impliquer davantage auprès des jeunes, notamment pour qu’elles partagent leurs expériences. Elles ont beaucoup à donner. »
Les finalistes, lauréates et lauréat du gala de l’AFFQ
L’Association des femmes en finance du Québec tiendra ce soir une soirée virtuelle où seront célébrées les finalistes et lauréates du gala Les Talentueuses 2020. Voici les noms des finalistes et lauréates.