Denis Mazerolle a mis sur pied une dream team afin de créer la seule usine d’aluminium de haute pureté en Amérique du Nord. Ce faisant, lui et ses partenaires sont en train de créer une chaîne d’approvisionnement Canada-Europe dans un secteur à très haute valeur ajoutée.

Après 32 ans de loyaux services à Alcan, puis à Rio Tinto, Denis Mazerolle se voyait mal prendre une retraite définitive. À 56 ans, avec son ancien collègue Luc Boivin, il a fait le pari de produire ici même au Québec de l’aluminium pur à 99,99 % (ou « 4N », c’est-à-dire quatre fois le chiffre neuf, comme dans 99,99 %).

L’aluminium de haute pureté est très prisé par les fabricants de condensateurs, de même que par les fabricants de batteries au lithium-ion, dont sont dotés les téléphones intelligents, mais aussi les voitures électriques. Les fabricants de la poudre utilisée dans les imprimantes 3D de spécialité sont également très friands de l’aluminium pur.

PHOTO FOURNIE PAR NATUREALU

Un lingot d'aluminium pur à 99,99 % de NatureAlu

« On voulait créer une entreprise qui n’existait pas ici tout en ayant un produit à valeur ajoutée, explique Denis Mazerolle, qui a fait carrière à titre d’ingénieur métallurgique. L’aluminium pur était une voie intéressante. Il y a quelques producteurs en Europe, mais tout vient majoritairement de Chine. Une première étude de marché nous a fait comprendre qu’on répondrait à un besoin. Et, en ce moment, c’est plus que jamais le cas. »

Financement facilité

Le nouveau duo d’entrepreneurs a réussi à convaincre Patrice Côté, propriétaire d’une firme de génie spécialisée en aluminium, et Michel Toupin, entrepreneur dans la construction de structures d’aluminium, de se joindre à eux pour créer NatureAlu.

La nouvelle dream team du Saguenay–Lac-Saint-Jean a tout d’abord réussi à amasser 2 millions pour la construction d’une usine pilote dans la région, où un premier lingot d’aluminium pur à 99,99 % a été produit en 2017.

Cette première phase a permis l’établissement, quoique modeste pour le moment, d’une chaîne d’approvisionnement (fonte, coulage, laminage, etc.) entre le Canada et l’Europe. « Nos partenaires européens sont très enthousiastes », affirme Denis Mazerolle.

Les investisseurs n’ont pas seulement tenu compte de notre produit et de nos idées. Ils ont surtout regardé l’équipe derrière le projet.

Denis Mazerolle, président de NatureAlu

Nouvelle usine cet été

Misant sur leur notoriété, mais aussi sur les résultats probants de l’usine pilote, les quatre partenaires d’affaires ont procédé avec succès au financement de leur future usine de 13 millions à Jonquière. En retard de huit semaines à cause de l’actuelle pandémie de COVID-19, les nouvelles installations de NatureAlu seront vraisemblablement en activité en juillet 2020.

« Au début, on n’avait pas de livre de recettes, ajoute M. Mazerolle. On l’a écrit en cours de route. On a abordé ça de façon scientifique. On a fait beaucoup de R et D. On a eu la chance de pouvoir profiter de l’expertise des chercheurs du Saguenay–Lac-Saint-Jean. »

Les dirigeants de NatureAlu ne se contentent pas d’avoir réussi à produire de l’aluminium 4N et même 4N +. Ils visent à terme à produire de l’aluminium 5N (99,999 %).

Des gueuses de 750 kg, de même que des lingots de 10 kg d’aluminium pur sortiront bientôt des nouvelles installations de la PME, laquelle s’apprête justement à embaucher une dizaine d’opérateurs.

« On ne devrait pas avoir trop de difficulté à recruter, croit Denis Mazerolle. Il y a une vibe autour de notre entreprise en ce moment. »