Depuis 70 ans, la santé et la sécurité des travailleurs sont des concepts bien ancrés dans le secteur minier québécois. Chaque gisement possède sa propre brigade de sauveteurs volontaires parée à toute éventualité. Le sauvetage récent d’un mineur à la mine Westwood, en Abitibi, en est un exemple probant. Rappel des faits et explications.

Le 30 octobre dernier, une secousse sismique de 3,7 à l’échelle de Richter a provoqué un effondrement dans la mine d’or située à Preissac, au nord-ouest de Val-d’Or, propriété d’Iamgold. Tous les travailleurs sous terre ont pu être rapidement évacués, sauf un mineur qui est resté coincé durant une trentaine d’heures avant d’être ramené à la surface. Personne n’a été blessé.

Isolé par l’effondrement de roc, le mineur pouvait néanmoins parler de vive voix avec les sauveteurs. Il a même reçu de l’eau et de la nourriture durant son confinement obligé, selon différentes sources à qui nous avons parlé. C’est finalement par un trou d’air, situé à l’une des extrémités de la mine, que le mineur a pu être rescapé.

50 secousses par année

Le fait que les gisements miniers soient majoritairement situés en zones éloignées explique en grande partie pourquoi les équipes de sauvetage sont bien formées et extrêmement bien équipées. Même si les incidents comme celui de la mine Westwood sont plutôt rares, la présence de sauveteurs 24 heures par jour est essentielle, estime Josée Méthot, PDG de l’Association minière du Québec (AMQ).

On ne peut faire aucun compromis en santé et en sécurité. Les pompiers et les ambulanciers ne peuvent se rendre partout. Et ce n’est pas tout le monde qui est formé pour descendre dans une mine. […] Les sauveteurs ont aussi d’autres tâches. Ils inspectent les lieux après les travaux de dynamitage.

Josée Méthot, PDG de l’Association minière du Québec

Les secousses sismiques sont monnaie courante dans les gisements miniers au Québec. On en compterait une cinquantaine par année. Mais elles atteignent rarement 3,7 à l’échelle de Richter. À la mine Westwood, la dernière secousse digne de mention remonte à 2015, selon Ressources naturelles Canada.

515 sauveteurs dans 20 mines

Avec le temps, les alertes et les façons de protéger les travailleurs ont évolué. Actuellement, de faibles doses de mercaptan (un gaz odorant) sont envoyées dans les conduites d’aération afin de prévenir les travailleurs miniers qu’un évènement est survenu ou qu’un danger est imminent.

« Les employés suivent le protocole et vont aussitôt se mettre à l’abri dans des refuges spécialement conçus. Ils appellent ensuite à la surface. On peut ainsi identifier s’il y a des personnes manquantes », explique Jean Proulx, chef d’équipe au Service du sauvetage minier du Québec.

Cet organisme, affilié à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), est responsable de former tous les sauveteurs miniers volontaires au Québec. Environ 515 sauveteurs sont en poste dans les quelque 20 mines en exploitation de la province. La formation obligatoire de sauveteurs miniers remonte à 1947, année où 12 mineurs ont péri dans un incendie près de Malartic, rappelle Jean Proulx.

Les sauveteurs miniers volontaires sont des employés des mines (journaliers, techniciens, ingénieurs, etc.) qui suivent une formation de trois jours. Puis, tous les deux mois (donc six fois par année), ils reçoivent de nouvelles formations ou peaufinent leur savoir. Lorsqu’ils sont à la surface, ils doivent demeurer disponibles pour une intervention, à la manière des pompiers volontaires.

La beauté de notre formation est qu’elle est standardisée. Et tout le monde utilise le même équipement de sauvetage. Quelqu’un qui va aider dans une mine voisine ou dans une autre région n’aura jamais de mauvaises surprises.

Jean Proulx, chef d’équipe au Service du sauvetage minier du Québec

Il n’a pas été possible d’obtenir de commentaires auprès de la direction d’Iamgold. « L’incident est actuellement sous enquête », a indiqué Bianca Galimi, conseillère en communication à la mine Westwood.