Expériences en laboratoire, stages, observation et cueillette de données sur le terrain : les volets appliqués sont au cœur de bien des programmes d’études universitaires. COVID-19 oblige, les enseignants doivent réinventer les façons de faire afin de continuer à offrir des expériences pratiques de qualité.

Prenez un morceau de pomme de terre, placez-le dans du peroxyde et observez de petites bulles se former sur le tubercule. C’est en fait l’action de la catalase, un enzyme chargé de cibler le peroxyde produit par les cellules, incluant celles dans le corps humain, pour le transformer en eau et en oxygène.

C’est l’une des expériences qu’Audrey Loubert-Hudon, chargée de cours au département des sciences biologiques de l’Université de Montréal, demande à ses étudiants de faire à la maison.

Ils ont aussi été mis au défi de trouver une façon d’extraire l’ADN d’un produit qu’ils ont à portée de main. La solution ? Utiliser du détergent, du sel et de l’alcool pour extraire l’ADN d’un fruit.

Je cherchais des expériences simples à faire avec des produits que les étudiants ont à la maison. L’objectif est de les amener à approfondir leur réflexion sur la science accessible à la maison et de leur permettre de faire des liens avec ce qu’ils ont acquis comme connaissances et ce qu’ils pourront éventuellement effectuer en laboratoire.

Audrey Loubert-Hudon, chargée de cours au département des sciences biologiques de l’Université de Montréal

D’autres enseignants ont décidé de faire des capsules vidéo afin de montrer certaines manipulations plus complexes en laboratoire. Ils peuvent également utiliser Labster, une plateforme qui permet de réaliser des laboratoires virtuels.

Visiter des grottes par vidéo

En génie géologique, ce sont les expériences sur le terrain qui sont particulièrement riches en enseignement et généralement très appréciées des étudiants, raconte Richard Fortier, qui donne le cours Méthodes de terrain en génie géologique à l’Université Laval. Il visite normalement avec ses étudiants les grottes de Boischatel.

« Cet été, je me suis dit que ce serait impossible de réaliser cette visite et que je devais avoir un plan B », précise-t-il.

Il a finalement décidé de faire appel à un vidéaste professionnel et à un guide-spéléologue pour filmer la visite de ce lieu exigu.

Ça ne remplace pas l’expérience sur le terrain qui frappait l’imaginaire des étudiants, mais c’est beaucoup mieux que si j’avais seulement fait un PowerPoint.

Richard Fortier, professeur en génie géologique à l’Université Laval

Lorsque la présence est essentielle

En sciences infirmières, impossible de toujours rester en ligne. La formation comprend un volet clinique important et les étudiants doivent passer du temps en laboratoire et réaliser des simulations.

« Nous avons élargi les plages horaires en laboratoire pour accueillir moins d’étudiants en même temps de façon à respecter les exigences de santé publique », indique Annie Chevrier, professeure à l’École de sciences infirmières Ingram de l’Université McGill.

Les stages, auparavant étalés sur 13 semaines, ont aussi été revus. Les étudiants ont été divisés en groupes et chacun se rend dans les milieux de soins pendant quatre semaines de façon intensive pour diminuer les contacts.

« Ces stagiaires viennent soutenir l’équipe de soins et la COVID-19 leur permet d’intervenir dans des situations excessivement complexes qui demandent une grande attention aux détails, remarque Mme Chevrier. Il y a aussi énormément de stress dans le contexte. Les étudiants actuels vivent une expérience de formation unique. »