Firme d’ingénierie spécialisée en gestion durable d’eaux pluviales en milieu urbain, Vinci Consultants a décidé de fermer son bureau et d’adopter le télétravail pour réduire son empreinte environnementale. L’entreprise, néanmoins, n’avait pas attendu 2020 pour agir ; sa mission a profondément changé il y a 12 ans devant l’urgence climatique.

Les enjeux reliés à la protection de l’environnement étaient déjà au cœur des préoccupations du président, Mario R. Gendron, et de son équipe, mais l’arrivée de la COVID-19 a créé des occasions d’agir en fonction du développement durable. En quelques semaines, le fonctionnement même de la machine a été transformé ainsi que la structure de l’entreprise.

« Nous avons fermé physiquement notre bureau, explique l’ingénieur. Le bail se terminait et notre prochain espace sera davantage un milieu de rencontres. Tous les employés ne seront pas sur place chaque jour nécessairement. Et nous souhaitons déménager au centre-ville pour que les employés puissent se déplacer en vélo. » Le patron lui-même tentera de réduire ses déplacements en se rendant au bureau deux jours par semaine.

Ce n’est cependant pas d’hier que Mario R. Gendron, qui conduit un véhicule électrique, a décidé de faire prendre le virage vert à son entreprise. En 2008, le documentaire The Inconvenient Truth, de l’ancien vice-président américain Al Gore, a changé complètement sa vision du métier.

« J’ai compris en regardant ce film-là que moi, en tant qu’ingénieur, je pouvais faire ma part pour essayer de lutter contre les changements climatiques », affirme M. Gendron. À partir de ce moment, le président de Vinci Consultants a changé son approche en matière de gestion des eaux.

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Mario R. Gendron, propriétaire de la firme d’ingénierie Vinci Consultants

Avant, un ingénieur devait prendre une grosse cuvée [une pluie très forte] et s’en débarrasser rapidement. Maintenant, on se rend compte que pendant plus de 100 ans, les ingénieurs civils se sont trompés.

Mario R. Gendron, président de Vinci Consultants

Actuellement, sur l’île de Montréal, l’eau pluviale et l’eau sanitaire se mélangent dans les mêmes conduits sous-terrain, ce qui entraîne des débordements en surface et dans le fleuve. « Il faut remettre la nature à sa place. Au lieu de la combattre, il faut l’intégrer à nos vies », mentionne l’ingénieur.

Vinci Consultants est notamment la firme derrière un projet de ruelles bleues-vertes à Montréal. Le but de l’Alliance des ruelles bleues-vertes est de prendre l’eau qui tombe sur les toits des maisons, qui est propre, et arriver à la verser dans une ruelle riche en verdure afin de la retourner à la nappe phréatique.

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Exemple d’un aménagement de captation des eaux de pluie réalisé par la firme Vinci Consultants

L’idéateur du projet estime qu’en plus créer des îlots de fraîcheurs en ville, ces ruelles bleues-vertes permettraient à Montréal de se refaire une petite beauté tout en ménageant son système d’épuration.

L’union fait la force

Comme bien des projets « hors de la boîte », le projet de ruelles bleues-vertes de Vinci Consultants se bute à plusieurs obstacles. La paperasse est abondante, car la réglementation actuelle n’est pas faite pour un projet mélangeant terrains privés et espaces publics.

De plus, la science derrière la biorétention nécessite d’avoir sous la main une équipe d’experts. La firme s’est donc entourée d’une quarantaine de partenaires pour aller plus loin. « C’est carrément un changement de paradigme », insiste Mario R. Gendron. Les deux projets pilotes de ruelles bleues-vertes en développement permettront de savoir de façon plus exacte tout ce que ce genre d’aménagement nécessite en ressources.

Vinci Consultants en bref

Nombre d’employés : 10 
Année de fondation : 1992
Nombre de projets en cours de réalisation : 80
Nombre de projets réalisés : 1801