Les technologies de l’information et les technologies vertes sont sur toutes les lèvres lorsqu’il est question de relance. Mais pour permettre aux PME d’en implanter ou d’en développer, les investissements sont-ils au rendez-vous ?

L’entreprise Omnirobotic souhaite doubler sa taille d’ici six mois. La PME peaufine sa plateforme d’intelligence artificielle (IA), qui permet à des robots industriels de faire de la peinture, de la soudure ou de l’usinage de manière autonome. Elle vient de s’installer dans de nouveaux locaux à Laval, où elle aménage la réplique d’une chaîne de production pour faire des démonstrations et continuer sa recherche et son développement. La jeune pousse d’une quinzaine d’employés embauchera dans les prochains mois du personnel hautement qualifié en IA, en robotique et en vision numérique 3D.

Pour mener à bien ses projets, elle a clôturé dans les dernières semaines une ronde de financement de 6,5 millions de dollars grâce à un investissement conjoint du Fonds de solidarité FTQ et d’Exportation et développement Canada (EDC). Mais trouver des investisseurs, dans cette ronde amorcée à l’automne 2019, n’a pas été de tout repos.

« En janvier, il y en avait plusieurs intéressés à participer », se rappelle François Simard, fondateur et président-directeur général de la PME. Puis la COVID-19 a tout bousculé. Les investisseurs se sont aussitôt repliés sur les entreprises qu’ils avaient déjà financées sans en ajouter de nouvelles à leur portefeuille. « Ç’a joué contre nous », remarque l’entrepreneur.

La même tendance a été observée dans le secteur des technologies vertes. « Les investisseurs se sont mis sur pause », constate Denis Leclerc, président et chef de la direction de la grappe des technologies propres Écotech Québec. « Cela a mis en péril le financement de certaines entreprises. »

Une pierre deux coups

Omnirobotic a, pour sa part, réussi à trouver les partenaires qu’il lui fallait. « C’est une PME qui vise à aider d’autres PME », indique Alain Denis, vice-président principal aux investissements en capital de risque au Fonds de solidarité FTQ. En finançant Omnirobotic, la société de capital de développement considère faire d’une pierre deux coups : l’entreprise a accès au capital nécessaire pour développer et commercialiser son produit, puis des manufacturiers d’ici peuvent innover à leur tour en recourant à sa technologie.

Écotech Québec souhaite d’ailleurs rapprocher les entreprises de technologies propres avec celles du secteur industriel, afin d’aider les premières à redémarrer leurs activités et les deuxièmes à améliorer leur efficacité et leur bilan environnemental. Car malgré les discours des gouvernements au sujet d’une relance verte, « il faut que nos entreprises puissent demeurer actives » d’ici à ce que ces promesses se traduisent en argent sonnant, indique Denis Leclerc.

Ce maillage entre les entreprises qui développent des technologies et celles qui doivent s’en procurer, « il faut absolument l’intensifier », reconnaît Guy LeBlanc, président-directeur général d’Investissement Québec.

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Guy LeBlanc, président-directeur général d’Investissement Québec

Auparavant, toute entreprise qui voulait croître devait penser à l’innovation. Aujourd’hui, c’est une question de survie.

Guy LeBlanc

Dans le Baromètre industriel diffusé par STIQ en juin 2020, le financement constitue la raison la moins souvent évoquée comme un obstacle à la transformation numérique d’une usine. Les entreprises soulèvent davantage un manque de temps, de personnel qualifié et de connaissance des technologies pertinentes.

C’est pourquoi le programme Productivité innovation d’Investissement Québec, qui prend le relais de l’initiative Manufacturiers innovants, sera « plus riche en accompagnement », assure Guy LeBlanc.

Par ailleurs, cette nouvelle mouture offrira un soutien financier à la numérisation, à l’automatisation, à la robotisation et à l’introduction de l’IA dans des domaines cette fois aussi variés que la construction, le commerce, le transport ou l’entreposage.

Investissement Québec indique aussi vouloir aider davantage certains secteurs, comme l’électrification des transports et les technologies vertes, en plus de celui de l’aéronautique, « où c’est peut-être le bon moment d’accélérer la recherche et le développement ».