Le chef de la direction financière dans les entreprises demeure un poste largement occupé par des hommes, si on se fie aux données de l’association Financial Executives International (FEI) Canada, dont seulement le quart des membres sont des femmes. Mais de plus en plus de gens issus de la diversité se hissent jusque dans les postes décisionnels des hautes sphères des finances des entreprises.

C’est ce qu’a fait Samira Sakhia, qui a été chef de la direction financière chez Laboratoires Paladin avant de devenir présidente de Thérapeutique Knight, une entreprise cotée en Bourse qui acquiert des licences de produits pharmaceutiques pour les distribuer du Canada.

« Je ne voulais plus faire que de la comptabilité, je voulais prendre des décisions », affirme Samira Sakhia.

Avec cet objectif en tête, celle qui était à l’époque comptable professionnelle agréée (CPA) a fait son MBA à l’Université McGill. C’est une collègue de classe qui lui a présenté Jonathan Ross Goodman, cofondateur de Laboratoires Paladin, qui cherchait un chef de la direction financière.

« J’y ai beaucoup appris en finance et dans plusieurs autres secteurs, comme la chaîne d’approvisionnement, les ressources humaines et les relations avec les investisseurs », indique celle qui était l’une des rares femmes parmi les chefs de la direction financière dans le secteur des biotechnologies.

Elle en a vu toutefois plusieurs arriver dans ces postes depuis quelques années. Née au Pakistan, elle se réjouit de voir qu’il y a maintenant des modèles chez les femmes et les minorités visibles dans ce type de postes au Canada.

La diversité, source d’innovation

« L’innovation provient du choc des idées, alors la diversité amène des solutions innovantes », affirme Stéphanie Leblanc, associée en transaction et leader à l’innovation pour le Québec chez PwC. Avant le Grand Confinement, elle préparait d’ailleurs un panel sur les femmes à la direction financière pour le volet québécois de FEI Canada.

24 %

C’est la proportion de femmes parmi les membres québécois de l’association Financial Executives International (FEI) Canada. Au pays, les femmes sont légèrement plus présentes, avec 26 % des effectifs, selon FEI.

Des stratégies pour améliorer la diversité

Stéphanie Leblanc tente de comprendre pourquoi il y a encore si peu de femmes dans les hautes sphères des finances des grandes entreprises alors qu’elles sont majoritaires dans les universités en comptabilité.

« Une étude récente a montré que c’est au premier niveau de leadership qu’on perd les femmes, dit-elle. Ça peut s’expliquer par différentes raisons, comme les sacrifices à faire sur la vie personnelle, ou parce que le bassin de gens dans lequel on pige pour donner des promotions n’est pas assez diversifié. »

Plusieurs stratégies peuvent favoriser l’élargissement de ce bassin. « D’abord, il faut prendre conscience qu’on a toujours tendance à aller vers des gens qui nous ressemblent, alors il faut aller vers d’autres profils », dit Stéphanie Leblanc.

Elle suggère aussi de permettre différents parcours pour gravir les échelons. « Par exemple, quelqu’un peut vouloir avancer rapidement en début de carrière, puis avoir une tâche allégée pendant deux ans, puis reprendre son ascension », explique-t-elle.

Toutefois, la haute direction des entreprises ne peut pas deviner les besoins des employés. « Il faut une culture d’entreprise ouverte où les gens peuvent verbaliser leurs besoins pour accéder à des promotions, dit-elle. Or, souvent, les hommes y arrivent mieux que les femmes. Elles doivent apprendre à le faire et on doit les aider à y arriver. »

En plus des avantages du côté de la performance des entreprises, il y a des raisons sociales à cette quête.

« On devrait pouvoir permettre à chaque personne d’atteindre son plein potentiel », affirme Stéphanie Leblanc.