La pandémie met l’économie sur pause, affecte bien des entreprises et cause beaucoup d’incertitude sur les marchés. Du coup, plusieurs travailleurs se questionnent sur l’avenir et aussi sur leurs plans pour la retraite. Coup d’œil sur les préoccupations d’une petite famille de la Rive-Sud.

Mathieu Brouillette, enseignant au Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie à Montréal, est un privilégié : il continue d’accompagner ses élèves dans leurs apprentissages à distance et il a toujours son plein salaire. Il peut aussi compter sur le Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics (RREGOP).

Sa conjointe, Claire Chapman, travaille dans le département immobilier d’une grande entreprise de climatisation et de chauffage. Après quelques semaines en télétravail à son plein salaire, le boulot s’est fait rare et son employeur a pu bénéficier de la subvention du gouvernement fédéral qui lui donne 75 % de son salaire. Elle a confiance qu’elle reprendra son travail rapidement.

Avant la crise, l’employeur de Claire déposait aussi dans son REER le même montant qu’elle y investissait à chaque paye depuis deux ans, soit 4 % de son salaire. C’est suspendu pendant la crise. « Je compte recommencer à investir comme avant une fois la crise terminée », précise-t-elle.

Selon André Lacasse, planificateur financier indépendant, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. « Si les cotisations reprennent dans quelques mois, ça n’aura pas d’impact sur sa retraite », affirme-t-il.

La stratégie de la fourmi

Claire et Mathieu sont de type fourmi : vers 18 ans, ils ont chacun commencé à cotiser à leur REER toutes les deux semaines pour investir dans des fonds communs de placement. Ils n’ont pas cessé depuis.

« C’est vraiment de petits montants, mais c’est devenu intéressant avec le temps, constate Mathieu. En ce moment, je ne regarde pas trop les rendements pour ne pas m’en faire. Ça ne m’empêche pas de dormir, parce que je sais que ça remontera. Je ne changerai pas ma façon d’investir. »

C’est l’attitude à avoir, d’après André Lacasse.

« Après chaque crise financière dans l’histoire, il y a eu un rebond », affirme le planificateur financier.

Il conseille toutefois au couple d’évaluer la pertinence d’investir dans un CELI, alors qu’il aura déjà à la retraite plusieurs sources de revenus imposables.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

 « Après chaque crise financière dans l’histoire, il y a eu un rebond », affirme André Lacasse, planificateur financier indépendant.

Dès 65 ans, plusieurs crédits d’impôt basés sur le revenu imposable sont disponibles, alors il peut être intéressant de pouvoir sortir un montant de son CELI pour un voyage, par exemple, sans qu’il ne vienne augmenter le revenu imposable et risquer de faire perdre certains crédits.

André Lacasse, planificateur financier, Services financiers Lacasse

Épargner moins pour investir dans plus de confort ?

Alors que ce couple au début de la quarantaine voit ses enfants de 11, 9 et 4 ans grandir, il commence aussi à se sentir à l’étroit dans sa maison jumelée. Depuis plus d’un an, il pense à acquérir une plus grande propriété.

« Mais, le prix des maisons a beaucoup augmenté sur la Rive-Sud, alors avec notre budget, on arrive à trouver des maisons plus spacieuses avec une cour plus grande, mais il faudrait investir beaucoup pour que l’intérieur corresponde à nos goûts et à nos besoins », explique Claire Chapman.

Le couple regarde donc attentivement comment le marché immobilier réagira à la crise.

« Nous nous demandons si ce ne serait pas une occasion pour recentrer nos investissements, aller chercher un meilleur taux hypothécaire et ainsi améliorer notre confort et notre situation pour le futur », affirme Mathieu Brouillette.

Selon André Lacasse, la solution est simple : il est temps pour le couple, qui est marié, de faire un plan de retraite commun.

« Ce plan nous dira s’ils doivent augmenter les montants qu’ils épargnent pour la trentaine d’années avant la retraite, ou s’ils peuvent les réduire pour s’acheter une plus grosse maison. »