Vous venez de prendre votre retraite, ou vous êtes tout près de le faire. Mais voilà que les marchés boursiers se font bousculer comme rarement auparavant et qu’une partie de votre capital se voit soudainement ravagée.

Lors des crises précédentes, les conseillers financiers vous disaient de ne pas modifier votre stratégie de placement, car les marchés allaient remonter et que vous alliez récupérer vos pertes. Et ils ont eu raison.

Peut-on croire que le même scénario se répétera cette fois-ci, alors que tant de gens affirment que rien ne sera plus pareil lorsque nous sortirons de cette crise humanitaire ?

PHOTO NINON PEDNAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Daniel Chartier, conseiller financier chez Desjardins

Les leçons de l’histoire

On doit faire attention avant de conclure que les conséquences financières de la crise actuelle seront différentes cette fois-ci, prévient Daniel Chartier, conseiller financier chez Desjardins, qui fut témoin et acteur des deux plus récentes crises. À la suite des attentats terroristes de septembre 2001, tellement de gens croyaient que le monde occidental ne serait jamais plus le même, rappelle-t-il. Et pourtant ! Durant la crise financière de 2008-2009, on nous disait aussi que le monde capitaliste ne serait plus jamais le même, se souvient-il. Et pourtant ! Mais cela ne veut pas dire qu’il faut banaliser la question. « Il faut plutôt adopter une approche fiduciaire, soit de préserver ses acquis, et d’être plus prudent », dit le conseiller.

Mais attention cette fois-ci

Jamais dans l’ère moderne n’avons-nous vu une telle crise, souligne Guy Côté, conseiller financier à la Banque Nationale. « Le virus a frappé de plein fouet l’économie, et tant qu’il n’y aura pas de vaccin pour le combattre, celle-ci sera ébranlée », dit-il. « Des secteurs complets de l’économie mettront des années à s’en remettre », ajoute Fabien Major, associé principal chez Major Gestion privée–Assante. Mais force est d’admettre que les mesures mises en place pour soutenir les différents leviers économiques sont énormes. « Du jamais vu », dit Guy Côté. Il croit que le cataclysme économique sera ainsi évité.

À quand le creux du marché boursier ?

Bien malin qui peut prédire le creux du marché. Mais Guy Côté n’écarte pas l’idée que le scénario qui nous attend pourrait être très négatif. « Devant cette incertitude, le nouveau retraité doit revoir son profil d’investisseur », dit-il. Il doit rétablir sa répartition d’actifs en fonction de sa tolérance au risque que la crise a peut-être ébranlée. Le plancher n’a peut-être pas encore été atteint, estime Fabien Major. Les marchés boursiers pourraient certainement être affectés pendant un bon bout de temps. « On va probablement revisiter le creux du 23 mars, et peut-être même se retrouver encore plus bas », dit-il. Pour sa part, Daniel Chartier croit qu’il est possible que le creux du marché ne se produise que dans quelques années. « Bien qu’il faut en être conscient, on doit toutefois éviter de prendre panique et de tout vendre sans discernement », dit-il.

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Guy Côté, conseiller financier à la Banque Nationale

Comment gérer le risque ?

Certes, on peut considérer de réduire le niveau de risque du portefeuille, affirme Daniel Chartier. Mais pas nécessairement de façon significative, ajoute-t-il. « On peut modifier son portefeuille afin de se placer dans une situation plus confortable, en favorisant des titres moins volatils. Il faut éviter des secteurs tels le tourisme et le voyage qui mettront des années à s’en remettre, selon Fabien Major. « Il faut rechercher les leaders de demain, soit les entreprises agiles qui se transforment facilement et qui n’ont pas de dettes », dit-il. Mais si une chose demeure, c’est que gérer le risque passe par une diversification du portefeuille adaptée à vos besoins, croit Guy Côté. « Une bonne diversification demeurera toujours l’élément essentiel de votre succès », souligne-t-il.