L’innovation est cruciale pour la croissance et la survie d’une entreprise, mais encore faut-il savoir comment s’y prendre. En cette période électorale, La Presse a demandé à quelques acteurs du milieu de quelles façons le prochain gouvernement fédéral pourrait stimuler l’innovation des PME.

Hausser la productivité

Il y a un lien direct entre productivité et innovation. C’est du moins l’avis de Véronique Proulx, PDG de Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ). « Hausser la productivité d’une entreprise stimule l’innovation », affirme-t-elle.

L’innovation ne se limite néanmoins pas à la création d’un produit. « Elle peut prendre différentes formes. Par exemple, Miralis, fabricant d’armoires de cuisine, a développé à l’interne des robots pour le sablage. Ça lui a permis d’augmenter sa productivité de manière importante. Plutôt que d’avoir 11 personnes dédiées au sablage, elle n’en compte aujourd’hui que 2. Les autres travaillent sur de la machinerie plus sophistiquée. »

Faire connaître les programmes

Pour innover, les entrepreneurs ont accès à plusieurs ressources. « Souvent, le gouvernement offre de beaux programmes, mais ceux-ci ne sont malheureusement pas connus des PME », souligne toutefois Simon Gaudreault, directeur principal de la recherche nationale à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI). « Le suivi n’est pas fait pour aller chercher les potentiels utilisateurs de ces mesures. Les chefs d’entreprise sont très occupés, ils n’ont pas le temps de suivre les annonces gouvernementales. Il faut trouver une meilleure façon de communiquer avec les PME pour qu’elles comprennent concrètement non seulement ce que la mesure fait, mais aussi comment y appliquer. »

D’ailleurs, environ 75 % des membres de la FCEI n’ont pas eu recours à l’un de ces programmes dans les cinq dernières années.

Faciliter les prêts

La FCEI propose aux partis politiques fédéraux différentes manières d’aider les PME à innover. L’organisme suggère entre autres d’inciter les banques à activement faire la promotion des nouvelles sources de financement auprès des entreprises. « Il faut rappeler que le risque de se faire refuser un prêt est près de six fois plus grand pour une petite entreprise [de moins de 50 employés] que pour une moyenne [de 50 à 499 employés]. C’est encore un défi. Il faut que le gouvernement s’assure que les nouvelles méthodes de financement sont accessibles et bien encadrées. »

SmartHalo, un exemple de succès

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Le produit de SmartHalo sert à la fois de navigateur, de lumière, de système d’alarme, de moniteur d’activité et d’assistant.

SmartHalo fait justement partie de ces petites entreprises. La jeune pousse montréalaise de 16 employés conçoit des appareils connectés pour vélos. Le produit est à mille lieues du GPS classique et sert à la fois de navigateur, de lumière, de système d’alarme, de moniteur d’activité et d’assistant. Son nouveau gadget, le SmartHalo 2, a récolté près de 1,7 million de dollars au cours de sa campagne de sociofinancement cette année. L’entreprise fera désormais aussi affaire avec des producteurs de vélos électriques. « Comme entrepreneur, j’ai utilisé l’aide de la BDC pour développer ma compagnie, explique le PDG Xavier Peich. J’ai aussi eu le soutien du Conseil national de recherches Canada pour l’innovation et, évidemment, des crédits de recherche et développement. Un des problèmes pour les petites entreprises, c’est que le cycle est long. Entre le moment où on dépense et celui où on reçoit l’argent, il y a beaucoup de temps qui passe, parfois d’un à deux ans. Je comprends qu’on veut s’assurer que tout respecte la loi, mais quand on n’est pas une entreprise établie, c’est difficile. »

Offrir de l’accompagnement

Selon MEQ, nombreuses sont les entreprises qui ne disposent pas des outils nécessaires pour entamer leur virage 4.0. « Au-delà du financement, il faut accompagner les entreprises, soutient Véronique Proulx. L’entrepreneur manque de ressources et de temps. Par où doit-il commencer ? Quels équipements doit-il installer ? Quel sera son retour sur l’investissement ? Les PME ont besoin de soutien pour passer à travers les différentes étapes et pour avoir du succès. J’encourage le gouvernement fédéral à offrir de l’accompagnement aux entreprises pour réaliser leurs projets. »