Même si les conditions des marchés boursiers ont été relativement propices à l’investissement, la dernière année n’a pas été nécessairement facile pour l’industrie des fonds communs, qui doit s’adapter à une concurrence de plus en plus vive de la part des fonds négociés en Bourse (FNB), ainsi qu’à des changements de comportements chez les épargnants.

Mais sa capacité à s’adapter à certaines tendances lourdes, tel l’investissement responsable, et sa volonté de réduire les frais de gestion et de distribution l’ont aidée à maintenir le cap, expliquent des experts de l’industrie.

Du quatrième trimestre de 2018 jusqu’à aujourd’hui, soit depuis près d’un an, les ventes de fonds communs ont été plus modestes, confirme Sébastien Vallée, directeur principal Développement et gestion des solutions de placement chez Desjardins. Et le plafonnement observé au cours des derniers mois n’est certainement pas étranger au fait que les acheteurs réagissent aux conditions plus volatiles des marchés, selon lui.

La concurrence des FNB qui prennent de plus en plus de place y est aussi pour quelque chose, selon le directeur de Desjardins. On trouve maintenant sur le marché plus de 40 manufacturiers de FNB, ce qui entraîne forcément beaucoup de chevauchement, autant entre eux qu’avec les fonds communs.

Parmi les facteurs qui jouent au détriment de l’industrie des fonds communs, la démographie en est certainement un, selon Annamaria Testani, vice-présidente nationale des ventes chez Banque Nationale Investissements (BNI). De plus en plus d’épargnants arrivent à la retraite et entament la période de décaissement de leurs comptes enregistrés, soit les REER, CELI, FERR... ce qui entraîne souvent des sorties de capitaux des fonds communs.

Tendances

Le développement de l’investissement responsable, répondant aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), au sein des fonds communs devient de plus en plus un incontournable, note Sébastien Vallée. « Il s’agit maintenant d’une tendance lourde de l’industrie », dit-il.

Parmi les nouveautés, il signale aussi la création de nouveaux fonds communs alternatifs, soit des fonds à rendement absolu, ainsi que certains autres copiant des stratégies propres aux fonds spéculatifs (hedge funds).

La fameuse question des frais

Les investisseurs ont de plus en plus de difficulté à accepter de payer des frais pour les fonds de gestion active, c’est-à-dire ceux qui font appel à des gestionnaires chevronnés, affirme Annamaria Testani.

Un des éléments de solution est le développement de comptes à honoraires, grâce aux parts F qui ne comportent pas de frais d’achat ou de rachat.

Les coûts se rapprochent alors un peu plus de ceux des FNB puisqu’on élimine le coût du conseiller.

Annamaria Testani. vice-présidente nationale des ventes chez Banque Nationale Investissements (BNI)

L’industrie des fonds communs continue également à réagir aux changements de goût des investisseurs en concevant des produits pouvant répondre aux besoins de tous, selon elle. Entre autres, des fonds passifs, ou encore appelés fonds indiciels, dont la mission est de reproduire le rendement de certains indices généraux ou sectoriels.

Mauvaise presse

Bien que les fonds communs constituent un véhicule de placement solidement établi auprès des investisseurs, l’industrie doit souvent faire face à des critiques quant aux rendements des fonds, que plusieurs jugent trop faibles, ou à leurs frais, que l’on estime trop élevés. « Cela est en partie attribuable aux régulateurs qui donnent souvent l’impression que l’industrie est mal gérée », dit Mme Testani. Le problème, ce n’est pas le produit, mais plutôt le conseil dans la gestion financière, selon elle. « Les produits se ressemblent beaucoup d’un manufacturier à l’autre, c’est le conseiller qui fera la différence », conclut-elle.